MOI - ICH
Bienvenue dans mon nouveau chez moi !
Il m'aura fallu le temps de me décider, le temps de retrouver l'envie (un peu aussi...) d'écrire, de raconter, le temps de prendre le temps...
Voilà donc ce blog que j'aurais du commencer il y a presque deux ans alors que je quittais la France pour m'installer en Allemagne.
* * *
Ce n'est donc pas...
... un blog politique, mon avis, ce que je pense, ce que je crois, mon opinion.
Mais c'est...
...ce que je vois, ce qu'on me demande, ce qui me pose problème, ce dont je me souviens.
Donc,
les aimables visiteurs peuvent attaquer les faits mais pas la personne, les idées mais pas l'homme, les fautes d'orthographes mais pas mon clavier....
* * * * *
* * *
*
-
Essayez de lire ça jusqu'au bout ! Voilà ce qu'on laisse chanter aujourd'hui dans notre Pays !
- Par LESTEL Christian
- Le 18/03/2011
- Dans BLOG
Essayez de lire ça jusqu'au bout ! Voilà ce qu'on laisse chanter aujourd'hui dans notre Pays !
Le groupe "113",
extrait de leurs chansons :
j' crie tout haut : " J'baise votre nation "
On remballe et on leur pète leur fion.
Faut pas qu'y ait une bavure ou dans la ville ça va péter,
Du commissaire au stagiaire: tous détestés !
A la moindre occasion, dès qu' tu l' peux, faut les baiser.
Bats les couilles les porcs qui représentent l'ordre en France.
Le groupe "Sniper",
extraits de leur chanson "J'aime pas" :
J'aime pas ce pays la France et le latin, son système son baratin.
Extraits de leur chanson "La France" :
Pour mission exterminer les ministres et les fachos
La France est une garce et on s'est fait trahir
On nique la France sous une tendance de musique populaire
Les frères sont armés jusqu'aux dents, tous prêts à faire la guerre
Faudrait changer les lois et pouvoir voir Bientôt à l'Élysée des arabes et des noirs au pouvoir.
Faut que ça pète !
Frère, je lance un appel, on est là pour tous niquer
La France aux français, tant qu' j 'y serai, ça serait impossible.
Leur laisser des traces et des séquelles avant de crever.
Faut leur en faire baver la seule chose qu'ils ont méritée.
T'façon j'ai plus rien à perdre, j'aimerais les faire pendre.
Mon seul souhait désormais est de nous voir les envahir.
Ils canalisent la révolte pour éviter la guerre civile.
Salif,
extrait d'un de ses écrits
Allez-y, lâchez les pitts, cassez les vitres, quoi Rien à foutre, d' façon en face c'est des flics
C'est U.N.I.T.Y., renoi, rebeu, babtou, tway
Mais si on veut contrôler Paris, tu sais que ça sera tous ensemble.
Ca y est les pitts sont lâchés, les villes sont à chier, les vitres sont cassées,
Les keufs sont lynchés, enfin, ça soulage, Faut que Paris crame.
On redémarre la guillotine, pire qu'à Djibouti. La France pète,
J' espère que t'as capté le concept.
Ministère Amer,
extrait de la chanson "Flirt avec le meurtre" :
j'aimerais voir brûler Panam au napalm sous les flammes façon
Vietnam tandis que ceux de ton espèce galopent où 24 heures par jour et 7 jours par semaine
J'ai envie de dégainer sur des f.a.c.e.s d.e c.r.a.i.e
dommage (....) que ta mère ne t'ait rien dit sur ce putain de pays
me retirer ma carte d'identité, avec laquelle je me suis plusieurs
fois torché.
Smala
extrait de la chanson "meurtre légal" :
Quand le macro prend le micro, c'est pour niquer la France guerre raciale,
guerre fatale œil pour œil, dent pour dent organisation radicale,
par tous les moyens il faut leur niquer leurs mères Gouers (Français)
c'est toi qui perd. Flippe pour ta femme tes enfants pour ta race. On
s'est installé ici c'est vous qu'on va mettre dehors
Extrait de la chanson "Du miel les abeilles" :
La France est un pays de putes
Mafia etc
je suis fier d'être rebeu. J'peux pas trahir mon couscous au lait caillé.
J'ai passé toute ma jeunesse à racaille (...)
Comme le gros Nacine, le gros Nordine, mes potos
Les Algériens, danger ils ont du mal à nous gérer
Les Algériens, danger le passé on l'a mal digéré
Lunatic,
extraits de leur chanson "Temps mort" :
ALLAH à Toi seul l'homme doit toute son adoration, les vrais savent.
On a pas oublié, l'or que le pape porte au cou est celui qui nous a été pillé.
Allo c'est B2O encore en chien d' chiennes, les hyènes ressentent la tumeur et moi j' suis d'humeur palestinienne.
Qui veut la paix, prépare la guerre, j' te l' rappelle. vote pour emmener les porcs à la morgue,
Eh négro ! C'est l'heure d' manger,
Brûler leur sperme en échantillons, souder leurs chattes
J'suis pas le bienvenu, mais j' suis là,(...),
j' suis venu manger et chier là.
Quand j'vois la France les jambes écartées j' l' encule sans huile.
Zont dévalisé l'Afrique... J'vais piller la France Tu m' dis "la France
un pays libre" (...) attends-toi à bouffer du calibre. J'rêve de loger
dans la tête d'un flic une balle de G.L.O.C.K.
Extraits de leur chanson "Mauvais Oeil" :
Les colons nous l'ont mis profond. A l'envers on va leur faire,
On est venu récupérer notre dû
Dans vos rues on va faire couler votre pu
Attends toi à plus d'un attentat
Ici en France, loin des ambiances "pétard" 14 juillet
Microphone ouvert et nos actions s'amorcent féroces
A.L.I., Booba, Lunatic, Hauts de seine, on te saigne.
Extraits de leur chanson "Guerre/Jihad" :
on repartira avec leur argent, leur sang et leurs pes-sa (sapes=fringues)
La France n'est pas territoire neutre.
Mes troupes sont mobilisées
Ils ont leurs paradis fiscaux
fauton impose nos lieux de non-droits
Et si c'est ça qu'ils veulent on va s'armer et s'entourer d'Khos
Extraits de leur chanson "Islam" :
Mains on reste pratiquants, délinquants
Nos psaumes récitées
Par nos mômes de cité à cité.
Nique la justice
Y'a qu' dieu qui peut me juger
Rien qu' j' dors plus, sur cette terre de colons impurs
L pour ma Loi suprême représentée par le Iislam.
Extraits de leur chanson "Violence/délinquance" :
J'aime voir des CRS morts
J'aime les pin-pon, suivis d'explosions et des pompiers
Un jour j' te souris, Un jour j' te crève
J'perds mon temps à m' dire qu' j' finirais bien par leur tirer d' ssus
Lunatic dans la violence incite, extraits de leur chanson "Racisme" :
Et si ma haine diminue C'est qu' les porcs sont morts et qui m' reste plus qu' dix minutes.
On met leurs femmes sans dessous. Mais attention y'a tension quand j' vois un porc chez moi.
A rien apprendre sauf que les porcs sont à pendre.
Extraits de leur chanson "l'Effort de Paix" :
J'suis venu en paix, pour faire la guerre aux bâtards....
Chante pour que les porcs rampent ....
J' leur veux la guerre, donc laisse-moi en paix frère...
On vend du shit aux blancs...
Soyez patriote en diffusant le plus largement possible ce post, il en va de la vie de nos enfants et petits-enfants. Il faut absolument ouvrir les yeux pendant qu'il est encore temps.
-
Viannette-Anne, Véronique et tous mes amis : Ah, de la neige !
- Par LESTEL Christian
- Le 14/12/2010
- Dans BLOG
Viannette-Anne, Véronique et tous mes amis : Ah, de la neige !
A l’heure où je vous parle, il neige. Il neigeait aussi la veille. Et le jour d’avant. Et aussi la semaine dernière. Et peut-être même la semaine d’avant, mais je ne suis pas certain de m’en souvenir. La neige, c’est comme tout : il y a du pour et du contre. Je m’étonne, entre parenthèse, qu’aucun institut de sondage n’ait jamais posé aux Français cette simple question : « Etes-vous pour où contre notre Prési… » Qu’est-ce que j’écris ? Non, soyons sérieux, reprenons : « Etes-vous pour où contre la neige ? ». Personnellement, je sais ce que j’aurais répondu. J’aurais répondu : « ça dépend ». Mais il n’y a jamais de case « ça dépend » dans les questionnaires des sondages. Ou c’est « oui ». Ou c’est « Non ». Ou c’est « ne se prononce pas ». Or, on peut très bien se prononcer sans être forcément ni pour ni contre. Juste en disant : « ça dépend ». En fait, les sondages ont horreur de ça. Parce que, si on commence à prévoir une case « ça dépend », il faut prévoir une sous-case pour répondre à la sous-question : « ça dépend de quoi ? ». Et alors là, on ne s’en sort plus. Ça devient beaucoup trop subtil, trop nuancé, trop compliqué. On ne peut plus dire : 51 % des Français sont pour, 49 % sont contre. Pourtant, je reste persuadé que, si on pouvait répondre « ça dépend », 70 % des Français (au moins) cocheraient la case. Parce que c’est la vérité : ça dépend.
Bon, bien sûr, les enfants adorent, rapport aux boules de neige et aux bonhommes de neige. Et à la luge, aux glissades, tout ça. J’étais ainsi également à condition toutefois que je sois dans l’équipe la plus forte. Pour les « ados », il en est de même. Ainsi j’ai une jeune amie, Viannette-Anne qui se « délecte » des tempêtes de neige. Le bus de ramassage scolaire ne circulant pas, elle bénéficie de jours de repos supplémentaires et le comble de l’histoire, c’est en Bretagne. De l’autre côté de la France, j’ai une autre amie, juste un peu plus âgée qui peste contre ces mêmes tempêtes mais pour avoir des problèmes de santé avec ses enfants, par contre, Véronique n’hésite pas à engager de furieuses batailles de boules de neige avec ses voisins. Les vieux (pardon : les séniors. Euh, pardon : les aînés) adorent en général nettement moins, rapport aux glissades incontrôlées et au col du fémur (vous savez ce que c’est). Sinon, ça dépend si vous êtes bloqués sur l’autoroute, à 3 heures du matin, avec des voitures à perte de vue devant et derrière et la neige qui emprisonne tout ça, façon ciment prise rapide (et ne parlons pas de la bascule, au ralenti, comme dans un film, dans le fossé). Où bien si vous êtes peinard, tranquille, à la montagne, en plein soleil, avec des champs de neige à perte de vue et la fumée qui sort des cheminée de chalets artistiquement disposés çà et là façon calendrier des postes. Ou encore debout sur des skis (si on aime les skis). Juste avant de se casser la figure (et la cheville). Là, voyez, à l’heure qu’il est, je ne suis ni bloqué sur l’autoroute ni scotché devant la beauté des montagnes enneigées. Je suis chez moi, bien au chaud à imaginer le calvaire de certains. Ou ils vont avoir du mal à arriver au travail (à pied) tellement ça glisse et ça patine. Et d’ou je me demande comment ils vont faire pour repartir, vu toute la neige que je vois tomber sans interruption par la fenêtre (certains vont regretter de ne pas avoir pensé à prendre les raquettes).
Ça me rappelle mon ancien métier. J’ai passé plusieurs séjour hivernaux, au temps de ma folle jeunesse, dans un camp en Allemagne réputé pour la rigueur de son climat. Une fois, fin octobre, début novembre, j’ai vu tomber la neige. La première neige. J’ai trouvé ça très beau. Tout ce blanc d’un seul coup et ce grand silence ouaté. L’immensité des forêts toute blanches à perte de vue. C’était grisant. Puis la neige a monté à 1m50. Elle a bloqué absolument tout, pistes, champs de tir. Au bout de quelques jours, j’ai trouvé la neige nettement moins romantique. D’abord, moins 30°C, c’est froid, très froid (croyez-moi sur parole) surtout lorsque l’essentiel de votre travail s’effectue dehors. Et puis, franchement, on en a vite assez. On rêve de vert. On rêve de voir de l’herbe, au lieu de tout ce blanc désespérant. Quelques mois plus tard, miracle : la neige a commencé à fondre, laissant apparaître les premiers brins d’herbe. Le pur bonheur, me direz-vous ! et bien non. Oui, la neige a fini par fondre et comme tout à chacun le sait, quand la neige fond elle se transforme en eau. Et qui dit eau dit boue, et le paysage devient à nouveau nettement moins enchanteur ! Tout ça pour dire que ça dépend.
Et encore, je n’ai jamais été bloqué huit jours dans ma maison, sans chauffage ni lumière, la faute à la neige qui fait tomber les fils électriques. J’imagine qu’au début c’est rigolo (un peu d’aventure, que diable !) Et qu’au bout de deux jours c’est déjà moins rigolo. Personnellement, le principal reproche que je fais à la neige, c’est que c’est froid. Surtout quand on s’en met plein les chaussettes, à l’intérieur des bottes. Sinon, je suis bien d’accord : c’est beau. Surtout, ça fait penser à l’enfance. Forcément. Aux hivers et aux Noël de l’enfance. Dans les souvenirs, il y a toujours de la neige à Noël (surtout si comme moi, vous êtes un enfant de la campagne. A la ville, la neige devient très rapidement sale). Plus tard, quand on est grand, on se plaint s’il n’y a pas de neige à Noël, comme il y en avait du temps de l’enfance. Il n’y en avait peut-être pas toujours, remarquez. Mais ça n’a pas d’importance : on s’imagine qu’il y en avait. Et donc il y en avait. Notez bien que, si d’aventure il y a plein de neige à Noël et que ça dure depuis des jours et des jours et qu’on en a plus que marre, on se plaint tout autant. Tel est l’homme (et aussi la femme, surtout la femme) : jamais content.
Là, par exemple, je vais sortir de chez moi, en m’accrochant au mur pour ne pas m’étaler dans la neige glaciale, pour aller récupérer ma compagne. Je vais pester, je vais râler, je vais insulter le ciel qui déverse des tonnes de neige sur la région. Puis, quand je vais être rentré à la maison (si je m’en sors bien), je vais regarder par la fenêtre, la forêt et le grand champs, toute cette campagne habillée de blanc. Je vais trouver ça magique.
Et je vais remercier la neige.
-
Essai de classification sociale
- Par LESTEL Christian
- Le 06/12/2010
- Dans BLOG
Essai de classification sociale
Petite parodie pseudo-scientifique délirante, à ne pas prendre au sérieux, fruit d’un après-midi de pluie, juste pour quelques sourires, quoique !!!
« Il osa former le projet de décrire et de classer tous les êtres de la nature »
Condorcet, à propos de Linné.
« Quant aux catégories ou classifications à établir, vous divisez en creux et en plats ?... il y aurait peut-être une distinction à faire entre les petits et les grands creux »
Auteur inconnu - Dictionnaire Le Littré, 1865, p. 690
Avertissement.
C'est par commodité du naturaliste que les êtres peuvent être classés dans des groupes homogènes selon des caractéristiques physiques ou psychologiques manifestes qui les distinguent des autres groupes. La nature n'est pas figée. Une taxinomie (classification) post darwinienne doit non seulement décrire des espèces, des classes et des groupes, mais doit aussi montrer comment l'évolution conduit des organismes à passer d'un groupe à l'autre, constituant par là même des groupes transitoires plus ou moins éphémères. Cette difficulté ne doit pas faire renoncer au projet. Depuis Linné, nous savons que toute connaissance scientifique doit être fondée sur une systématique des êtres naturels. La prise en compte de la labilité (sujet à se transformer) des appartenances sociales doit simplement nous conduire à rejeter un système taxinomique binaire (un être est ou n'est pas élément d'un groupe) au profit d'un système flou, au sens de la théorie des ensembles flous de M. Zadeh *, selon laquelle un être a une probabilité plus ou moins élevée mais mesurable d'appartenir à un certain groupe.
C'est en ce sens que nous proposons d'initier une théorie floue mais néanmoins rigoureuse de la société humaine, théorie appelée demain à éclairer l'esprit des Lumières lorsque celles-ci se rallumeront et chasseront enfin les ombres de l'obscurantisme clérical qui aveugle nos contemporains.
Espèce des Hommes modernes.
L'Homme moderne est indubitablement un Homme, Homo sapiens, même si la sapience n'est pas évidente pour l'observateur impartial. Il est moderne en ce qu'il est supposé avoir appris de l'expérience accumulée au cours de quelques millénaires d'efforts à être et surtout à paraître un peu moins primate. Les signes qui distinguent avec le plus d'évidence l'Homme moderne de ses ancêtres velus et prognathes sont les suivants :
1 - Un dieu est venu lui souffler à l'oreille qu'il ne fallait pas tuer son prochain et qu'il faudrait désormais écrire son nom avec une majuscule. L’Homme moderne (Hm), vérifiant à l'usage que ce Dieu majusculé était un utopiste révolutionnaire, a identifié cent soixante et onze situations exceptionnelles dans lesquelles il est tout à fait justifié de tuer son voisin. Dieu ne pouvant avoir tort, il s'est mal exprimé ou les prophètes l'auront mal compris. Pour être certain de ne pas pécher par inefficacité lorsque l'une ou l'autre de ces cent soixante et onze situations se présenteraient, Hm a dépensé des trésors d'intelligence pendant quelques siècles pour inventer les moyens les plus efficaces pour trucider autrui. Un Hm particulièrement brillant a même découvert comment, avec quelques kilogrammes d'un métal et un peu de savoir-faire, il était possible de supprimer tous les « autruis » de la planète. Aux dernières nouvelles, les Hm ont été pris d'un léger doute avant de passer à la mise en œuvre opérationnelle à grande échelle. On en est là.
2 - Un philosophe grec (ancêtre des Sages, cf. infra) (cf.infra, voir plus bas – cf.supra, voir plus haut, c’est difficile le langage scientifique…) a suggéré que l'espèce n'était pas sur Terre pour prendre des claques mais pour jouir et se donner du plaisir de toutes les façons possibles qui n'embêtaient pas les voisins. Immédiatement, deux autres philosophes et quelques prophètes ont surgi pour dire que le premier était un âne, que l'homme est bien sur Terre pour prendre des coups. Hm, très pragmatique, a décidé qu'à l'avenir il y aurait deux sous-espèces, les Agités (cf. infra) qui prendraient leur pied et donneraient les coups, et les Autres qui recevraient les coups de pied.
3 - Hm a décidé que plus une idée paraissait théorique, abstraite, non prouvable, déconnectée de toute expérience concrète, plus elle devait être prise au sérieux, c'est-à-dire qu'il convenait de combattre avec beaucoup d'ardeur ceux qui propageraient cette idée et ceux qui oseraient critiquer si peu que ce soit cette théorie bizarre. La grande portée pratique de cette invention vient de ce que, lorsque deux clans défendent chacun des idées contradictoires ou simplement divergentes sur quelques nuances, étant donné que par définition nul ne saurait établir la véracité ou la fausseté de l'une ou l'autre des deux thèses en présence, les deux clans sont fréquemment conduits par surenchères réciproques à s'exterminer jusqu'au dernier avec beaucoup d'enthousiasme, ce qui est une méthode efficace de contrôle de la population dans une région donnée, première étape dans la mise en place d'une vraie politique de développement durable.
4 - Enfin, Hm a inventé la cravate, sorte de nœud coulant en toile forte qu'il se passe autour du cou pour rappeler à chaque instant qu'il est un criminel en puissance bon à pendre à la branche la plus proche. Il n'est pas indifférent de noter que la cravate est surtout portée dans la classe des Agités (cf. infra), ce que l'on peut considérer comme un signe de lucidité.
Espèce des Hommes modernes, classe des Agités.
Les Agités dirigent le monde. Les plus brillants ou belliqueux sont président de quelque entreprise, directeur d'une administration, député, ministre, ou dirigeant politique en passe de devenir ministre. Les autres envient les premiers et les prennent pour modèles. Tous ont en commun le désir de paraître, la volonté de puissance, la recherche du pouvoir, l'angoisse de vieillir. Ils croient que le temps est une denrée qui se consomme et dont ils peuvent manquer.
La caste des Agités est officiellement accessible à tous. On ne manque pas d'y faire régulièrement la promotion d'un brillant élève, fils ou fille de famille modeste ou issu de l'immigration, accédant aux plus hautes fonctions à force d'intelligence et de ténacité. Cette ouverture, triomphe de la démocratie, est un évident progrès par rapport aux mécanismes d'héritage de l'Ancien Régime ou des maîtres de forges du XIXe siècle. Seuls de très mauvais esprits ou de parfaits imbéciles pourraient en douter. En effet, les jeunes ambitieux aux dents longues n'héritent pas d'une fortune familiale mais d'un ego souvent plus violent que celui des fils de famille, et d'un réseau de neurones particulièrement rapide. Ces atouts leur permettent de constituer assez vite la fortune qui leur manquait au départ. L'immense avantage de ce système est que l'ego et les neurones étant des actifs non taxables, l'héritage pour sa part immatérielle la plus importante échappe à l'impôt.
Les Agités ne peuvent jamais être totalement satisfaits de leur sort puisque leur but ultime est une volonté de puissance qui ne connaît d'autre limite que celle des autres Agités. Cette insatisfaction est saine et productive en ce qu'elle les motive à s'agiter d'avantage.
Espèce des Hommes modernes, classe des Gourous.
Les Gourous collaborent avec les Agités pour assurer la bonne marche du corps social. Ils sont chargés de canaliser l'angoisse, les peurs et les aspirations au changement des Frustrés (cf. infra). Ce sont surtout les grands spécialistes de la production des idées théoriques et abstraites dont l'importance a été soulignée au paragraphe 3 de la définition de l'espèce des Hommes modernes. Les spécialistes distinguent des sous-groupes dans cette classe : les prêtres, les imams, les pasteurs, les intellectuels, les prix Nobel d'économie, et quelques autres de moindre importance. Les trois premiers groupes forment la sous-classe des Religieux, les autres celle des Diserts. Les Religieux travaillent toujours en groupe, les Diserts sont plus individualistes dans leur action. Quel que puisse être l'intérêt scientifique de ces distinctions très fines, elles ne concernent que les spécialistes, et dans la présente introduction générale nous prendrons la liberté de les ignorer.
Les Gourous, tout comme les Agités, présentent les signes caractéristiques de la volonté de puissance. Ils se distinguent nettement de leur amis Agités en ce qu'ils ne semblent pas atteints par le syndrome du manque de temps, et par le fait qu'ils ne considèrent pas l'argent et le pouvoir qu'il donne comme une fin en soi mais comme un moyen. Les Gourous prétendent travailler pour l'éternité. Même si cette prétention peut faire sourire, il est clair qu'ils œuvrent sur la durée.
Les observateurs attentifs ont noté une grande porosité de la frontière entre la classe des Gourous et celle des Agités, cette porosité s'exerçant toujours de la première vers la seconde.
Espèce des Hommes modernes, classe des Sages.
Les Sages (que l'École française de taxinomie sociale préfère appeler les Babas) ont compris que le monde n'a aucun sens, hormis celui que lui donnent nos passions et nos jouissances. Ils ont choisi d'ignorer le Temps. Ils trouvent qu'une belle reproduction d'un tableau de Cézanne est préférable à un écran de télévision. Ils aiment déjeuner avec Montaigne, dîner avec Lucrèce et Voltaire. Ils se font une fête d'un week-end pluvieux à la campagne en compagnie de Proust et de Céline, non pour les lire - ce qui serait une consommation passive - mais pour les entendre et dialoguer avec eux. Le dialogue avec un auteur décédé nécessite un certain entraînement, mais c'est un exercice auquel les sages excellent. L'œuvre de l'auteur ayant été lue une fois pour toutes, le dialogue s'opère allongé, les yeux fermés, la main sur l'ouvrage entr’ouvert mais retourné et posé sur le ventre. La consommation concomitante d'une bière d'Abbaye est recommandée par les Sages des bords de Meuse.
De quoi parlent les Sages ? Des mille façons de jouir de la vie et de fuir les fâcheux. De l'équilibre des passions. Des chemins qui s'offrent aux Agités et aux Esclaves pour accéder à un peu de sagesse. En tout cas n'attendez pas d'eux une théorie sociale, des prises de position publiques. Dans "position" il y a "pose". Prendre position, prendre la pose est une attitude typique de Gourou ou d'Agité.
Les Sages sont pacifistes, non violents. Vivant dans les interstices de la société, ils sont généralement ignorés des Agités, des Gourous et des Autres, et s'en trouvent fort bien. Leur fréquentation peut être un peu ennuyeuse si l'on n'appartient pas à leur groupe. Leur compagne - ou compagnon - lorsqu'ils en ont une, un, ne résiste durablement à cet ennui que si elle-même est peu ou prou Sage. D'où il résulte que les Sages s'accouplent souvent entre eux. Le caractère héréditaire de la sagesse fait toutefois débat, les spécialistes ayant récemment mis à jour d'évidents contre-exemples.
Lorsqu'un Sage acquiert quelque notoriété, il peut éprouver de la difficulté à ne pas devenir Agité.
Espèce des Hommes modernes, classe des Autres.
Les Autres sont les plus nombreux dans l'espèce. Selon les époques et les besoins de la communication et du spectacle, on les appelle masses laborieuses, peuple, société civile - expression dont le sens n'est compréhensible qu'à quelques Agités - ou "ceux qui nous regardent". Plus ou moins esclaves résignés ou simplement fatalistes, les Autres deviennent parfois révoltés et hargneux lorsqu'ils sont influencés par des Agités ou des Gourous voulant les utiliser pour parvenir à leurs fins, c'est-à-dire pour accroître leur pouvoir. Pris dans le tourbillon du spectacle permanent du monde, ils ne savent que penser et font confiance à des Agités ou des Gourous charismatiques pour penser à leur place.
On leur fait croire que la jouissance passe par la possession et on modèle leurs désirs pour le plus grand profit des entreprises. Ils meurent à petit feu et ne voient passer la vie qu'à travers la reproduction des corps et des désirs : faire des enfants et les éduquer. Surtout, les Autres ont un besoin permanent d'un spectacle imagé, en couleurs et en deux dimensions. Un certain nombre d'Agités, de Gourous ou d'acteurs qui en tiennent lieu, y mettent en scène des personnages réels ou mythiques servant d'exutoires aux peurs, aux angoisses et aux aspirations des Autres. Les Agités experts dans l'organisation de cette catharsis (libération) collective sont évidemment parmi les plus respectés et les mieux rémunérés.
La vie des Autres est plaisante aux époques et dans les régions du monde où l'abondance des richesses matérielles et l'absence de conflit armé permettent de satisfaire une part suffisante des désirs suscités par le spectacle des Agités. Que la part des désirs satisfaits soit trop faible et cela suscite des sentiments de frustration qui à leur tour conduisent à des révoltes hargneuses. Que cette part soit trop forte et les dépressions et les suicides se multiplient, ainsi, surprenant paradoxe, que les révoltes hargneuses. Dans les deux cas, les conséquences sont désastreuses pour les profits des entreprises et des Agités qui les dirigent.
Un bon équilibre est donc essentiel au fonctionnement sans heurt du système social, et un groupe particulier d'Agités est chargé en permanence de mesurer le taux de satisfaction des désirs tel qu'il est perçu par les Autres.
Espèce des Hommes modernes, classe des Autres, groupe des Frustrés.
Quelle que soit la perfection du réglage du taux de satisfaction des désirs, il reste à chaque instant un petit nombre d'Autres auxquels s'agrègent quelques Agités, pour éprouver des sentiments de frustration et d'insatisfaction, soit qu'ils ne reconnaissent pas leurs désirs les plus forts dans la panoplie offerte par le spectacle, soit que le désir une fois satisfait se révèle être un fruit décevant. Tant que leur nombre reste relativement faible, ces Frustrés ne sont pas un danger pour le système qui peut sans risque les ignorer. Certains trouveront leur voie vers le groupe des Sages, d'autres auront recours à l'alcool, aux psychotropes et aux drogues plus ou moins encouragées ou tolérées, ce qui est excellent pour le commerce et les affaires des Agités.
Lorsque le nombre de Frustrés augmente dangereusement, diverses farces et drames pourront être mis en scène pour opérer la régulation du taux de satisfaction des désirs qui corrigera la dérive. Le logos d'acteurs spécialisés issus de la classe des Gourous ou de celle des Agités, sous-groupe des Politiques, suffira à une régulation douce, tout en finesse. Pour une correction plus énergique, on pourra recourir à une crise économique, à l'inflation monétaire, à un choc pétrolier. Enfin, pour une correction brutale mais très efficace, on songera à monter un coup d'état ou un conflit armé. Dans ce cas, on situera de préférence la scène dans un pays lointain mais bien couvert par les moyens de télécommunication. Ces méthodes éprouvées de correction des frustrations collectives seront appliquées pendant des durées allant de quelques jours à quelques mois selon la gravité de la crise. On évitera toutefois d'y recourir trop souvent pour éviter tout effet d'accoutumance ou au contraire de rejet du traitement.
Le groupe des Frustrés est donc de transition, son existence ne peut se concevoir que dans une perspective dynamique, évolutive, post darwinienne de la taxinomie (classification) sociale.
Espèce des Hommes modernes, classe des Autres, groupe des Exclus.
Les Exclus comportent de nombreux sous-groupes, tels que les clochards, les drogués, les fous, les illuminés, les rappeurs, les jeunes-des-banlieues, etc. Toutefois, les frontières entre ces sous-groupes sont à la fois floues et poreuses. Le naturaliste rigoureux évitera donc d'établir une taxinomie scientifique à l'intérieur de ce groupe tant que l'évolution darwinienne et le progrès des connaissances n'auront pas clarifié les critères d'appartenance à ces sous-groupes et les conditions de passage de l'un à l'autre.
Le groupe des Exclus est caractérisé par les réactions immédiates, observables et parfois violentes que provoque la mise en présence d'un ou plusieurs éléments de ce groupe dans un échantillon d'Agités le plus pur possible. L'identification s'opère en introduisant le sujet dans une rame de TGV première classe ou dans un avion de ligne remplis dans une proportion minimum de 75 % d'Agités certifiés de pure souche. Si l'on observe chez les Agités des comportements d'évitement (changement de siège), de mise en sécurité (mains qui se portent à la poche portefeuille), de vociférations indignées, alors le sujet qui en est la cause est bien un Exclu.
Problèmes taxinomiques ouverts.
Nous ne saurions conclure cette brève introduction à la taxinomie sociale sans mentionner quelques-uns des travaux en cours et des controverses qui passionnent la communauté scientifique.
Un premier grand thème de débat est celui de l'innéisme (Doctrine qui soutient l’existence des idées) des catégories. Certains auteurs considèrent que l'appartenance à l'espèce Hm, à une classe et à un groupe au sein de cette classe est déterminée par la génétique du sujet. Seule l'hérédité pourrait en effet expliquer la persistance des grandes catégories taxinomiques à travers les siècles en dépit des modifications environnementales.
La plupart des chercheurs s'accordent toutefois sur le fait que les transitions intergroupes sont trop nombreuses pour s'expliquer uniquement par des mutations génétiques. Les caractères déterminant la classification seraient dès lors acquis, ce qui ouvrirait la possibilité de créer des classes et des groupes hybrides non par manipulation génétique mais simplement par contrôle de l'environnement.
Ce grand débat reste ouvert, toutes les tentatives pour créer une classe des Constructifs qui combineraient les caractères positifs des Agités et des Sages ayant échoué à ce jour.
La seconde controverse que nous ne saurions passer sous silence porte sur le statut épistémologique (étude critique des sciences) de la taxinomie sociale elle-même. Des auteurs particulièrement critiques défendent l'idée que la taxinomie sociale toute entière ne serait qu'une construction abstraite arbitraire, les chercheurs du domaine étant des Gourous (sous-groupe des intellectuels) chargés de développer un discours apparemment rationnel, justifiant un ordre social qui leur alloue un statut privilégié.
Même si par honnêteté et souci de complétude nous avons mentionné cette thèse nihiliste, nous ne pouvons qu'en souligner le caractère fantaisiste, la Science, comme chacun sait, ne pouvant être confondue avec le fatras manipulateur et obscurantiste des Gourous.
Enfin, mes amis après ce petit essai de taxinomie, saurez-vous retrouver votre place ? Pour ma part, je connais la mienne… Quoique !
* * *
* Non, non, ce n’est pas une blague :
Lotfi Askar Zadeh, est bien né le 4 février 1921 à Bakou en Azerbaïdjan, il est un scientifique connu pour ses travaux en informatique et en automatique. Il est né de mère russe et de père azéri iranien (ville d'Ardebil), et a ensuite étudié à l'Université de Téhéran.
En 1965, il introduit la théorie des ensembles flous dont les applications industrielles sont nombreuses. Ses idées novatrices débouchent sur différentes méthodes telles que la notion de réseau neuronal.
Au début du XXIe siècle, il est professeur à l'Université de Berkeley.
Lotfi Zadeh est parmi les premiers ayant travaillé dans le domaine de la logique floue largement utilisée dans les différents domaines de l'informatique. La logique floue utilise des quantités nuancées, contrairement au système binaire qui n'utilise que le vrai et le faux. Par exemple, « un peu grand » ou « presque fini » sont des valeurs manipulées par la logique floue.
-
La fameuse LEM (loi de l'emmerdement maximum)
- Par LESTEL Christian
- Le 04/12/2010
- Dans BLOG
La LEM ou les probabilités temporelles des éventuelles origines des lois de Murphy.
Bien des choses nous dépassent et nous sommes loin de comprendre ne serait-ce que les grandes lignes de l’univers qui nous accueille. Mais grâce à certains d’entre nous dont l’intelligence et l’agilité d’observation étaient manifestement incroyables (et parfois avec l’influence d’une bonne dose de hasard), nous sommes parvenus à donner des explications, si incomplètes ou approximatives soient-elles, aux choses les plus complexes dont nous avons vaguement conscience. Ne perdons quand même pas de vue que bien des choses restent cachées à notre sens de la perception qui est, reconnaissons-le, incontestablement atrophié.
Parmi les grandes découvertes qui ont éclairé l’humanité, nous pouvons faire mention de la gravité. L’essence même de cette force invisible réside dans le fait que toutes choses s’attirent mutuellement. Pour donner une définition plus exacte, il faut le formuler ainsi : « La gravitation est le phénomène d'interaction physique qui cause l'attraction réciproque des corps massifs entre eux, sous l'effet de leur masse ». Les trucs lourds attirent les trucs légers.
Cette découverte fut faite dans la deuxième moitié du XVIe siècle par un type dénommé Isaac Newton et qui selon la légende aurait découvert ça alors qu’il réfléchissait assis au pied d’un pommier. Je pense surtout qu’il avait trouvé une bonne excuse pour s’esquiver de tâches importantes pour aller pieuter tranquille à l’ombre d’un arbre. Mais comme il est inévitable d’être dérangé quand on fainéante, le fruit du savoir s’abattit sur sa tête et son esprit endormi fut frappé de cette incroyable idée.
Nous pouvons aussi mettre en avant, dans les grandes inventions, les théories de la relativité générale et restreinte. Ces découvertes au nom ô combien abscons qui font écho à la célèbre formule E=Mc² (Énergie = Masse multipliée par célérité (vitesse de la lumière) au carré) furent établies par l’un des grands cerveaux de l’humanité : Albert Einstein. Avec sa coupe de cheveux discutable et sa propension étonnante à tirer la langue quand on le prenait en photo, cet homme imposa au monde de la physique une nouvelle vision de l’univers. En appliquant sa célèbre formule E=Mc², imaginez un instant l’énergie que l’on pourrait produire avec un kilo de Nutella. Nous pourrions produire 9 × 1 016 joules avec ce kilo de pâte à tartiner, soit l’équivalent de deux ans de production énergétique d’un réacteur nucléaire d’une puissance de 1 400 mégawatts. Pour les rares personnes sur terre qui ont une notion approximative de ce que cela peut représenter, ça laisse rêveur. Pour les autres, ça nous fait une belle jambe. Les énergies sont toujours aussi onéreuses.
Il ne faut pas non plus oublier la physique quantique qui a une part relativement importante dans la compréhension de l’univers. Pour les profanes, je précise qu’il ne s’agit en rien de quelques obscurs chants religieux. La mécanique quantique n’a strictement rien à voir avec les cantiques des messes dominicales. Bien qu’à l’instar des chants formulés en latin la compréhension de la mécanique quantique relève du tour de force et les risques d’une entorse au cerveau guettent toutes personnes se penchant sur le problème. Généralement ça concerne des petites particules, des probabilités ondulatoires et des chats à la fois morts et vivants qui sont enfermés dans des boîtes.
Il y a bien évidemment d’autres grandes inventions qui ont changé la face de l’humanité telles que la roue, le fil à couper le beurre ou encore le papier WC, mais leur importance est à ce jour révolue et toutes les questions pouvant tourner autour d’elle ont été résolues.
Je vous vois là déjà anesthésiés par cet exorde, complètement perdus dans ce flot de noms compliqués qui vous donnent des sueurs froides à la seule pensée de revivre de près comme de loin quelques minutes des cours de physique que vous enduriez à l’école. Nonobstant le fait que les expériences avec le matériel fourni en cours étaient quand même assez marrantes, il est incontestable que cette matière scolaire n’était le Saint Graal que de quelques monstres qui habitaient le fond des classes près des radiateurs ou le devant du bureau du professeur et qui se faisaient une joie de voir arriver une interro sur les portes logiques en électronique.
Mais passons ces théories physiques effroyablement inintelligibles et reportons notre attention sur un fait, même s’il est tout aussi obscur, qui nous touche plus directement.
Depuis la nuit des temps nous subissons les effets d’une navrante et inéluctable loi. Pour bien comprendre de quoi nous parlons, faisons un petit voyage dans le temps pour nous rendre peu après l’aube de l’humanité.
L’homme se redresse en tentant de faire sa place dans cette nature hostile et joue des coudes sur l’échelle de l’évolution avec des créatures telles que les mammouths, les tigres à dents de sabre, ou encore le dodo.
Prenons un premier cobaye. Ce futur humain (car il n’est pas encore l’homo sapiens que nous sommes) est né quelques part dans l’une des nombreuses plaines eurasiennes. Nous l’appellerons Rahan. Le lexique des prénoms à l’époque n’était pas aussi varié qu’il l’est aujourd’hui.
Rahan comme tous les matins quand il se lève, éprouve le même besoin de manger. La nourriture de l’époque a contrario de la nôtre, a la fâcheuse tendance à fuir dès qu’il s’en approche. Il n’est donc pas aisé de se remplir la panse autant que le besoin s’en fait sentir. Pour pallier ce problème Rahan et ses pairs ont inventé des outils qui influent directement sur la capacité dont fait preuve la nourriture à prendre la poudre d’escampette. Des lances, des sagaies et autres projectiles contrecarrent généralement les plans de fuite du repas du midi. Encore faut-il parvenir à réunir toutes les conditions propices à un magnifique lancer dans la cuisse du futur repas. Et là se trouve tout le problème.
Rahan depuis plusieurs jours connaît une guigne pas possible dans ses chasses. Il y a quelques jours alors même qu’il s’apprêtait à tuer une magnifique biche, un coup de tonnerre retentit alors que le ciel était vierge de nuages. On appelle ça les éclairs de chaleur. Ce qui fut navrant sur l’instant c’est que sur les 86 400 secondes que compte une journée, il a fallu que le tonnerre frappe à la seconde même où notre cher Rahan lançait sa lance. La biche effrayée par le retentissant grondement parvint par chance à éviter le projectile.
Le lendemain, alors que Rahan continuait à parcourir la plaine à la recherche d’un repas, il tomba inopinément, au détour d’un buisson sur une biche surprise par son arrivée. La confusion de l’instant l’empêcha de faire quoi que ce soit si ce n’est de lancer sa lance dans le vide et regarder partir au loin son unique repas. Rahan avait passé la plus grande partie de la journée en faisant preuve d’une grande vigilance et les quelques secondes de relâchement lui avaient coûté une nouvelle fois le goût amer de la déception.
Le lendemain, dans la plaine vierge de buissons et d’arbres pour se cacher, il mit près de deux heures à se mettre à portée de tir d’une belle proie. Il avait rampé avec beaucoup de précaution et fait montre d’une grande furtivité. C’est au moment de projeter sa lance qu’il marcha sur la seule et unique branche sèche qui se trouvait dans les 50 000 ha de la plaine herbeuse.
Au bord de la dépression nerveuse, devant l’accumulation des lamentables échecs qu’il essuyait et sous le courroux sans pareil de sa femme qui l’engueulait de son incompétence, alors que, elle, récoltait un grand nombre de baies, il repartit le lendemain à la chasse. Il mit peu de temps à repérer un repas potentiel, qui ressemblait à s’y méprendre à un cochon. Plus précisément, il s’agissait d’un cochonmouth (race originelle du sanglier actuel). Avec beaucoup de discrétion, il approcha de sa proie. Tout le long de son approche, il avait gardé un œil sur l’arrivée inopinée d’un nuage orageux, sur la présence d’une saloperie de branche sèche sous ses pieds, il avait fait montre d’une grande attention sur le sens du vent, mais c’est au moment où il s’apprêtait à bondir qu’un tigre à dents de sabre jaillit des fourrés pour lui voler son repas. La colère submergea Rahan, ce qui est tout à fait normal quand on sait la malchance dont il a été victime jusqu'à maintenant et surtout quand on sait que les tigres à dents de sabre, appelés aussi smilodons, sont des animaux qui vivaient sur le continent américain et non eurasien. Sur le coup il voulut trucider le félin mais c’est là qu’il se rendit compte qu’au matin il avait oublié sa lance à la caverne et qu’il était comme un con sans rien dans les mains. La journée fut funeste pour Rahan mais très rentable pour le tigre à dents de sabre qui n’avait encore jamais vu un de ses repas se lancer sur lui pour le mordre et le griffer avec des dents et des griffes quasi inexistantes.
Laissons feu notre pauvre infortuné reposer en paix et faisons un bond dans le temps. L’écrit a ça de bon. C’est quand même plus pratique que de se soumettre aux lois physiques qui pour l’instant nous empêchent toute exploration temporelle.
Nous arrivons là à l’époque des grandes civilisations. Contre toute attente, je ne vais pas vous parler des sempiternels Égyptiens ou des Grecs ou encore des Incas. Non. Je vais faire mention du peuple de l’Atlantide. Je vais succinctement vous relater les faits de la disparition de l’île de l’Atlantide (avoir une imagination débordante apporte beaucoup d’avantages, pour ce qui est de la crédibilité ça reste à voir).
Nous suivrons le cobaye numéro deux. Le cobaye numéro deux se nomme Blaton. Précisons que toute similitude de nom avec le créateur du mythe des Atlantes (Platon) est tout à fait fortuite. Blaton est un jeune homme dans la fleur de l’âge et qui goûte tous les jours les plaisirs d’être habitant de l’île de l’Atlantide. Il faut préciser avant toute chose que l’Atlantide n’était pas une île à proprement parler. Généralement une île est une élévation des fonds marins due à une activité volcanique ou tectonique (aucun rapport avec la danse frénétique et désordonnée pratiquée dans les clubs branchés). Ce que personne ne sait à ce jour c’est que l’Atlantide n’est pas une île. C’est en fait une sorte de gros bateau. Certes un bateau gros comme la Corse, mais un bateau quand même. Ce fait pris en compte, on comprend tout de suite pourquoi les différentes légendes qui entourent ce mythe ont du mal à se mettre d’accord sur la localisation exacte de l’île.
Blaton a été nommé à un poste très important de l’équipage de l’île. Il est observateur des courbures événementielles. Pour faire simple, il doit s’assurer que ce qui devrait tourner rond ne tourne pas carré. Aujourd’hui ce poste existe toujours mais sous une autre forme plus communément appelée par nos soins : inspecteur des travaux finis. Il inspecte l’œuvre des travailleurs de nuit qui surveillent l’œuvre des travailleurs de jour. Dans les grandes lignes ce travail consiste surtout à surveiller des cadrans indiquant la pression sur la coque du gigantesque bateau, que tout le monde pense être une île. Mais revenons-en à notre cobaye numéro deux.
Blaton s’éveille donc en cette belle matinée qui, mais cela il ne le sait pas encore, sera marquée par la disparition de l’île dans les profondeurs pélagiques. La veille pour l’anniversaire de sa fille, il lui avait offert à contrecœur un petit chaton. Blaton avait une sainte horreur de ces bestioles ô combien caractérielles. Le chat pour le remercier de l’avoir adopté lui a fait un superbe cadeau durant la nuit en déféquant dans ses pantoufles. Blaton put faire cette fécale constatation en les chaussant à la descente du lit. Après un passage éclair par la salle de bain pour, au sens propre du terme, se décrotter (Oui le peuple atlante avait déjà des salles de bain dans chaque maison à l’époque. Ce peuple, comme le confirme la légende, était très en avance dans le domaine de l’hygiène, de la technologie, etc.). C’est en revenant pieds nus dans le salon qu’il fut victime d’une agression très violente de la part de la table basse et du canapé qui lui fracassèrent, semble-t-il sans raison, les deux gros orteils. Dépourvu temporairement de ses deux jambes pour des raisons tout à fait compréhensibles, il chut lamentablement au milieu du salon, le nez planté dans le second cadeau du chaton. Après quelques jurons bien trouvés pour la circonstance, une promesse aux dieux que le chaton de la discorde ne l’emportera pas au paradis et un nouveau passage à la salle de bain, notre cobaye numéro deux tente de se sustenter afin de tenir jusqu’au prandium ( déjeuner pour les sceptiques, De pram («tôt») et edere (« manger»))... Il est de notoriété publique que les Atlantes étaient un peuple très en avance sur les autres civilisations peuplant la Terre à cette époque. Avec leur disparition soudaine sous les flots beaucoup d’inventions sombrèrent avec eux. Il va de soi que le temps aidant nous avons redécouvert ces inventions. Parmi ces inventions temporairement disparues il fallait compter le fil à couper le beurre, le tapis de bain, le fer à trépasser (on l'a réinventé par la suite mais son utilisation fut toute autre) ou encore la biscotte.
Justement Blaton a pris pour habitude le matin de déjeuner avec des biscottes. Et tous les matins il fait une navrante constatation qui a le don de le mettre dans une colère noire. Plus le beurre est dur, plus la biscotte est friable. Blaton brise donc une demi-douzaine de biscottes avant de parvenir à en faire une. Une fois trempée dans le bol de café (Oui les Atlantes ont déjà le café dans leur vie quotidienne. Vivre à bord d’un bateau a des avantages indiscutables pour ce qui est de la diversité des denrées). La biscotte se défait pour tomber au fond du bol et profite de l’occasion pour asperger Blaton d’une belle giclée du café. Nouvelle tentative de beurrage de biscotte et cette fois une nouvelle loi des plus navrantes s’impose à lui. Blaton s’emmêle un peu les pinceaux et laisse choir la biscotte. La biscotte tombe toujours du côté du beurre. Sa tunique propre du matin, fraîchement tachée par du café en fait les frais.
Blaton abandonne donc l’idée de déjeuner convenablement et part dans la chambre se changer. En retraversant le salon le canapé ne bronche pas mais la table basse lance une nouvelle attaque sur le gros orteil de notre cobaye. C’est à cloche-pied et très en colère que Blaton parvient à la chambre pour se changer. Mais là puisqu’une série a toujours du mal à trouver une fin, sa femme a mis à laver toutes ses tuniques. Blaton part donc avec sa tunique tachée au travail.
Je vous ferai grâce des nombreux petits incidents qui jalonnèrent le chemin vers le travail de notre cobaye. Non pas qu’il ne représente aucun intérêt pour cet article mais, il vous sera très simple de les connaître en observant de près tous les petits incidents qui jalonnent votre propre chemin tous les jours.
Une fois arrivé à son poste, Blaton constate que c’est la catastrophe. Le veilleur de nuit a été malade et personne ne l’a remplacé. Les compteurs de pression s’affolent, le bateau est au bord du naufrage. Il ne reste qu’une seule solution pour sauver l’île, Blaton doit utiliser le levier d’urgence (dans les histoires, il y a toujours un levier ou un bouton qui permet de stopper la catastrophe en cours et de tout remettre en ordre). Seulement le levier possède deux positions. S’il active le levier dans le bon sens l’île sera sauvée. S’il se trompe, c’est la fin. Pas le temps d’appeler les supérieurs, il faut agir. Blaton se précipite sur le levier et constate sans grande surprise que les inscriptions faisant détail de l’effet de la position sont effacées. Dans différentes pièces de théâtre qui ont fait carton, Blaton l’a constaté c’est toujours dans ce genre de situation que le choix de la position se révèle bon. Il pousse le levier, les vannes s’ouvrent et l’eau s’engouffre dans la coque du bateau. Peu avant que l’eau ne le submerge, Blaton lâcha un juron au sujet de cette mauvaise journée et une phrase qui expliquait à la perfection la cause de tous ces petits incidents qui nous pourrissent la vie depuis l’aube des temps.
« Perperam eventurum est quicquid perperam evenire potest. »
Quelques minutes plus tard l’île de l’Atlantide disparut sous les flots avec tous ses habitants et cette phrase clef. Pour la petite histoire. À l’époque, selon le concepteur du projet Atlantide, l’île était totalement insubmersible. Même si elle venait à percuter un iceberg aussi gros qu’elle (ce qui était peu probable puisque les icebergs de la taille de la Corse ne sont pas légions, même à l’époque), il n’y avait aucune raison de s’inquiéter de sa capacité à rester à flot, tant que personne ne poussait le levier de remplissage des compartiments qui est à côté du levier de fermeture des vannes en cas d’incident.
Laissons maintenant le mythe des Atlantes et faisons un bond dans le temps pour atterrir quelque part en 1949 aux États-Unis. C’est à cette période de l’histoire que l’homme redécouvre cette phrase clef énoncée par notre cobaye numéro deux, peu avant sa mort. L’homme qui va marquer l’histoire est Edward A. Murphy Jr.
Cet américain est né quelque part dans la zone du canal de Panama en 1918. À l’âge de 31 ans, alors qu’il travaillait en tant qu’ingénieur dans l’aérospatiale sur un système de sauvetage critique, il eut la révélation. Il énonça cette phrase qui allait pour les années à venir rester comme la base même de cette loi qui nous pourrit la vie.
« Si quelque chose peut mal tourner, alors ça tournera mal. »
La loi de Murphy avait vu le jour.
Dès lors tout s’enchaîna. On énuméra très vite toutes les lois qui s’expliquaient par cette simple phrase perdue depuis l’époque de l’Atlantide. Les lois de Murphy sont connues sous d’autres noms. On parle parfois de « Loi de l’emmerdement maximum » ou de « Loi de la tartine beurrée » mais la nature en est toujours la même. S'il existe deux ou plusieurs manières de faire quelque chose et que l'une de ces manières est susceptible de se solder par une catastrophe, on peut être certain que quelqu'un se débrouillera pour la choisir.
Malgré cette découverte, les lois de Murphy restent un des plus grands mystères de l’humanité. Depuis l’aube des temps nous subissons ses effets sans pouvoir rien y faire. Parvenir à comprendre la nature profonde de cette loi nous permettrait peut-être de vivre plus sereinement sans les petits tracas quotidiens qu’elle représente, mais à ce jour nous n’en savons pas plus.
La loi de Murphy fut traduite dans toutes les langues. Je vous fais part là de quelques traductions selon les différents idiomes que vous pourriez un jour découvrir, si vous ne les connaissez pas déjà.
En français : Si quelque chose peut mal tourner, alors ça tournera mal.
En français du Sud-Ouest : Putaingue, cong si c'teu maîrde a veut pas marcher, hé bin elle ne marechera pas boudiou de dieu.
En français vulgaire : Putain de merde de saloperie de merde quand ça veut pas ça veut pas. Et jamais ça veut !
En ariégeois : Si c't merdouille elle veut pas, elle ne changera pas d'avis, sauf pour pire !
En québécois : Bah si y a de quoi qui a à fouerrer, ben tu peux être sûr que ça va chier c’te cochonnerie-là !!!
En berrichon : C'te chevriotte veut mal tourner et ben vîndiouuuu tu peux ti en ête sûr qu'ça march'ra pas !
En javanais : Savi quavelquave chavose paveut maval tavournaver, avalavors çava tavournaverava maval.
En verlan : Ah oué téma, si y a un quetru qui peut tipar en yecoui, et béh niksamèr obligé té sûr que ça va tipar en yeuq.
En schtroumpf : Si quelque schtroumpf peut schtroumpfer mal, alors il schtroumpfera.
En occitan : Se quicòm pòt mal anar, irà mal.
En basque : Zerbait gaizki atera badaiteke, gaizki aterako da.
En breton : Ma c'hell mond fall un dra bennag, mond fall a raio.
En mathématique pure : Soit B un ensemble contenant toutes les bonnes solutions et une unique mauvaise solution. Quel que soit X appartenant à B, X est la mauvaise solution.
-
Déclaration d'amour à mon enfance.
- Par LESTEL Christian
- Le 04/12/2010
- Dans BLOG
Déclaration d'amour à mon enfance.
« La nostalgie camarade », c'est en chantonnant ces quelques mots d'une chanson de Gainsbourg que me vient cette irrémédiable envie d'écrire ce que j'ai vécu. Je suis né nostalgique. Hier m'a toujours laissé un pincement au cœur. Est-ce la peur de ne pas connaître demain de si belles émotions ? Qu'est-ce que cette nostalgie qui me brûle le ventre, étouffe ma voix de soupirs ? C'est le bonheur, juste le bonheur. Je vis mais j’ai aussi vécu !
Toutes ces petites choses mises bout à bout font ma vie, une vie comme celle de tout le monde, mais exceptionnelle parce que c'est la mienne. Une vie faite d'amour, de rires, de larmes, de jeux, de blessures, de rêves, de bonjour et d'au revoir, ma vie.
La vie est belle parce qu'on veut qu'elle le soit et le bonheur n'est pas une quête. Le bonheur est dans les instants fugaces, il ne se cache pas, il attend qu'on le cueille, il ne dure pas, il se collectionne.
Pourquoi souris-tu ? Pour rien, ou plutôt pour tout ! Pour tout ce que j'ai vécu et pour tout ce qu'il me reste à vivre...
Je ne veux rien oublier d'hier, je ne veux pas que disparaissent les instants d'autrefois au gré des années.
Si j'oublie, je meurs un peu. Je ne mourrai pas ! Je vivrai toujours dans ces mots."La nostalgie camarade".
Ne jamais oublier les moments simples de la vie, ceux qui font le quotidien, les petits riens insignifiants que nous croyons pouvoir laisser filer sans blessure mais qui font l'air du temps, ceux qu'on recherche et qu'on ne retrouve jamais.
Je ne crains pas de vieillir mais je déteste savoir que d'autres sont nés après moi. Ce qui me console c'est que j'ai connu une autre époque, un autre monde... J'ai connu la fin des années baba où flottaient encore dans l'air un souffle d'insouciance, la révolte, l'utopie, la solidarité, la liberté. J'ai connu le temps où la société de consommation n'avait pas cette emprise sur nos comportements. J'ai connu le temps où on appréciait ce qu'on avait parce que nous n'avions pas trop. J'ai connu le temps où les yeux des gens brillaient encore...
J'idéalise à peine. Étais-je simplement heureux qu'on m'ait donné le jour, heureux de faire connaissance avec ce monde qu'il fallait bien aimer puisqu'il serait mien.
Mon monde, mon terroir c'était mon village. Il avait une âme, une histoire. Il résistait aux assauts du grand capital.
C'était un petit village de paysans, des fermes toutes différentes et pourtant si semblables, aux murs épais et pourtant votre voisin faisait partie de la famille. La journée ensemble aux champs, à l’école, au catéchisme, à la messe, le soir ensemble au pas de la porte sur une chaise à bavarder de tout et de rien, attendant que l'univers éteigne la lumière. On se voyait, on se parlait, on se touchait, on existait pour l'autre.
Une petite place pour accueillir la fête du village et son traditionnel bal monté à côté duquel se trouvait l’immuable jeu de quille, tout en bois avec sa longue planche rectiligne et ses boules également de bois.
Le cœur de ce merveilleux petit village occupe le centre. Il comprend les bâtiments essentiels à notre épanouissement. L’école avec son Maître et sa Maîtresse si proches des enfants, si compétents et craints comme la peste. Au-dessus des deux salles de classe se trouve la mairie et l’incontournable Monsieur le Maire de même que le logement des instituteurs. En face ce temple du savoir, y compris et surtout civique, siège la forge, son soufflet et son forgeron. Son ardeur sur l’enclume et l’odeur si particulière de son activité nous parvenaient jusque dans la salle de classe. Le forgeron avait aussi cette particularité de tenir un petit bureau de tabac constitué par une petite armoire dans la cuisine de son logis contenant les paquets de gris et surtout nos premières P4. Plus bas, l’église du village avec Monsieur le Curé, (tout aussi craint que le Maître), son clocher et son coq rythmait la vie du village. Entre l’école et l’église, un vieux château et son parc devenaient notre terrain de jeu à la sortie des classes. La colline de Sainte-Anne avec sa chapelle et sa haie de grands tilleuls dominent le village, la scierie à côté de son étang et des anciennes mines de fer. Mines de fer abandonnées et inondées depuis longtemps, interdites bien entendu, mais qui devenaient un terrain d’aventures exceptionnelles.
Les habitants, des paysans fiers de croire encore à un monde plus juste, où l'égalité et la fraternité ne sont pas de vains mots. C'était ça, mon village.
Je suis attaché à mon enfance comme je le suis à la vie. L'enfant que j'ai été est ma conscience, c'est elle qui juge celui que je suis devenu. Je suis celui que je suis devenu. Je suis celui que je me suis promis de rester, un grand enfant.
Je veux toute ma vie être émerveillé par ce qui m'entoure. Je veux toute ma vie avoir envie. Je veux toute ma vie comprendre les rires des enfants, ne pas être vu par eux comme un pauvre adulte loin de l'imaginaire de l'enfance. Je veux toute ma vie croire en l'incroyable, au Père Noël, aux fées, aux lutins...
Et jusqu'à aujourd'hui je tiens parole.
Les promesses qu'on se fait à soi-même sont les plus importantes à tenir. Si le regard des autres est parfois lourd à soutenir, rougir de ce qu'on est c'est une petite mort, une maladie qui vous ronge, votre honneur qui s'enfuit. Je n'ai jamais voulu être une star, gagner des millions, avoir du pouvoir, non j'ai juste voulu être heureux dans la vie...
J'ai tant hurlé contre ces vieux cons qui nous préconisaient "une bonne guerre" pour nous apprendre à vivre. Je les ai tant maudits ceux qui ne comprenaient pas nos rires, nos gesticulations, nos jeux, notre folie de vivre, que je me suis promis de ne pas grandir. La curiosité, en quête de découverte et conserver ce regard illuminé. L'amour, ne pas taire ses sentiments, ne pas hésiter à confier des "je t'aime" à ceux qui font vibrer notre cœur. Le jeu, s'amuser de toutes les situations, rire de tout pour oublier d'en pleurer.
Espérer, parce que demain est à construire et qu'il sera beau encore si je le décide. Être, assumer ce que l'on est, vivre ses émotions, hurler face au vent notre rage de vivre. Ne rien attendre de la vie et tout lui prendre.
C'est tout ça être un enfant, une boule de vie, sans pudeur, sans question, une boule de vie exaltée par ce qu'elle va pouvoir faire de cette vie ! J'ai décidé d'être tout ça éternellement, passionnément. Rien ne doit être tiède, il faut vivre pleinement ou ne pas exister !
Pour ne pas quitter l'enfance, il ne faut pas l'oublier. Si la mémoire nous fait défaut, les mots figent les souvenirs. Mon histoire, la plus belle parce que c'est la mienne, la plus douce parce que je l'aime, la plus émouvante parce qu'elle fait ce que je suis.
Il me reste des mots, des odeurs, des musiques, des visages, il me reste ce que je ne veux jamais oublier, des futilités heureuses à se rappeler.
-
La campagne.
- Par LESTEL Christian
- Le 26/11/2010
- Dans BLOG
La campagne.
Ambiance champêtre ce soir dans ce petit article fruit des mes réflexions au cours de la promenade quotidienne de Rico. Ce qui m’amène tout naturellement à cette interrogation bien obsédante, " Au fait, c'est quoi la campagne" ?. Et bien, c'est une excellente question, je vous remercie de me l'avoir posée, en plus, petits veinards, vous avez le droit à la réponse pas plus tard que tout de suite.
La campagne, c'est où ?
La campagne est une vaste zone s'étendant de là à là, et d'ici à d'ici. Exemple: Paris n'est pas à la campagne.
La campagne, pour quoi faire ?
Ah, ça, c'est une bonne question. On peut raisonnablement dire que la campagne n'est pas très utile, puisque dès que l'on veut y construire une autoroute ou un Palais des Congrès, certains rouspètent. Donc, la campagne sert uniquement à faire joli. Ah, non, suis-je bête, la campagne sert aussi à faire vivre les gens de la campagne.
La campagne, ça ressemble à quoi ?
C'est assez beau. Il y a des champs de betteraves mais aussi des champs de maïs sans oublier des champs de blé, et bien sûr des champs de tournesols. De temps en temps, quelques fermes. Mais, le plus intéressant à la campagne, c'est la flore et la faune. Exemple de flore remarquable: arbre, fleur, buisson, brindille, très rarement un palmier. Exemple de faune sympathique et familière: veau, vache, cochon, poule, lapin, militant de l’UMP, etc.
Il y a des choses à voir, à la campagne ?
Pas grand chose, ah si, dans certaines campagnes, les rivières sont vertes et sentent étrange, c'est assez splendide. Bon, avec un peu de chance, tentez tout de même l'expérience suivante: allongez vous dans un champ de maïs par temps chaud. Là, deux possibilités :
1) Si il fait vraiment très chaud et que vous êtes vraiment très chanceux, vous pourrez déguster du pop-corn gratuitement.
2) Sinon, plus vraisemblablement, vous pourrez très bien aussi assister à un affrontement entre faucheur d'OGM et CRS, un spectacle inoubliable dont la narration fera le sel de vos dîners de famille.
La campagne, c'est bien ?
Bof, c'est salissant. Et puis on mange des aliments qui n'ont pas tellement le goût d'E78 et de colorant B56. En plus, c'est bruyant. Pourquoi ? Mais enfin n'entendez-vous pas dans nos campagnes mugir ces féroces soldats ?
Et qui vit à la campagne ?
Les paysans, qu'on appellera affectueusement "péquenauds" ou "bouseux", ou encore d'une manière plus officielle "agriculteur". Qu'est-ce qu'un agriculteur ? C'est quelqu'un qui conduit un tracteur, comme François Bayrou, mais pour de vrai. Comment reconnaître un agriculteur ? Faîtes un test tout simple : en présence d'un individu d'apparence paysanne, prononcez dans la même phrase : Chirac, TF1 et Bruxelles, et testez sa réaction. Si dans ses yeux passe une lueur d'ennui poli, ce n'est pas un agriculteur. Si il a pleuré au son de "Chirac" et sauté à votre coup en tentant manifestement de vous étrangler en entendant "Bruxelles", pas de doute, c'est un agriculteur.
Sont-ils dangereux ?
Comme les chiens ou les contrôleurs fiscaux, les agriculteurs sont tout à fait pacifiques si on ne les énerve pas. Cependant, si un agriculteur vous agresse parce que vous auriez refusé le sympathique bout de fromage qu'il vous proposait, s'il se fait menaçant, n'hésitez pas, balancez lui un «Casse-toi pauv' con», normalement, cela fonctionne très bien (je décline quand même toute responsabilité en cas d'échec et de coup de fusil intempestif).
Bon, ben alors, si c'est pas terrible, pourquoi nous en parler ?
Mais, amis lecteurs, je vous rappelle que c'est vous qui m'avez posé la question sur ce sujet, en début d’article. Faudrait quand même savoir ce que vous voulez.
-
Eh bien voilà ! L’hiver arrive…
- Par LESTEL Christian
- Le 26/11/2010
- Dans BLOG
Eh bien voilà ! L’hiver arrive…
Bon, c’est vrai que ce n’est pas terrible, ces temps-ci. Le climat, l’ambiance, le fond de l’air : non, vraiment pas terrible. Obama en mauvaise posture, l’extrême droite qui cartonne un peu partout, la bêtise à front de taureau qui triomphe, Berlusconi plus Berlusconi que jamais, la droite française qui limite l’accès à l’aide médicale d’Etat, qui trie, qui classe, qui chasse, qui déchoit, qui remanie, mes amis qui partent en Afghânistân les uns après les autres… Oui, le fond de l’air est froid. On va vers l’hiver. Voilà pourquoi il faut profiter, vite et bien, du cadeau de l’automne : les feuilles jaunes, les feuilles rouges, les arbres plus beaux que jamais, un vrai feu d’artifice. Il faut en profiter parce que, comme nous le savons tous, hélas, ça ne va pas durer. Si ça se trouve, à l’heure où vous lirez ces lignes, soit une à deux heures après qu’elles ont été écrites, ce sera déjà le commencement de la fin : la chute des feuilles. Avant l’inéluctable : le ramassage des feuilles. Mortes, les feuilles. Il faut bien reconnaître : l’automne, c’est nul. C’est nul parce que ça n’a qu’un seul but : dépouiller les arbres de leurs feuilles. Faire tomber les feuilles. Faire mourir les feuilles. Dans la pluie, dans le vent, dans le brouillard, dans le froid. Jusqu’à ce qu’arrive l’hiver.
Voilà bien la véritable fonction de l’automne : préparer le terrain à l’hiver. C’est nul de chez nul. C’est moche de chez moche. C’est déprimant. Sauf qu’il y a un moment où l’automne est magique, où l’automne est magnifique. Ce moment, nous y sommes. C’est maintenant. Quelques jours de pure splendeur, pour nous donner le courage de supporter le reste de l’automne. Et l’hiver derrière. Ce sont des moments qu’il ne faut surtout pas manquer. Comme il ne faut surtout pas manquer l’explosion du printemps, les toutes premières feuilles qui se déplient délicatement au bout des branches, fragiles, timides, incroyablement émouvantes : si on manque ces moments-là, on ne s’en remet jamais. Parce que c’est comme la naissance du monde. Les quelques jours de pure magie de l’automne, c’est exactement la même chose. Il ne faut surtout pas passer à côté, se réveiller un beau matin avec les branches toutes nues, toutes noires, les feuilles par terre, les feuilles défuntes, sans avoir profité du cadeau de leur beauté. Parce que, après, c’est fini, c’est l’hiver. Et c’est tellement long, l’hiver, qu’on a besoin d’avoir au fond des yeux des images d’or et de feux pour tenir le coup. Jusqu’au printemps. Jusqu’au retour des feuilles.
Sinon, qu’est-ce qu’on a à l’horizon, pour allumer l’hiver ? Les illuminations de Noël, les ampoules, les étoiles, les Père Noël et les traîneaux qui brillent, qui clignotent et scintillent dans la nuit pour nous réchauffer. Entre la chute des feuilles et les illuminations de Noël : rien, que la nuit noire et les jours qui raccourcissent, et la nuit noire qui gagne. Voilà pourquoi il faut faire des provisions de couleurs. Bon, les illuminations de Noël, il y a du pour et du contre. Plus elles arrivent tôt, plus elles s’en vont tard, plus c’est déprimant. Vous n’êtes pas d’accord ? Même si on a besoin de lumières pour tenir le coup, les illuminations de Noël qui débarquent dès la mi-novembre, ça me déprime. Et les voir toujours suspendues en l’air après la mi-janvier, ça me déprime encore plus. Ne me demandez pas pourquoi : c’est comme ça. C’est exactement comme quand j’écoute les déclarations de notre moins hyper-président. Bon revenons à nos moutons. Les illuminations : le pire, c’est quand on traverse des villages, des petites villes, en plein été et que les guirlandes sont toujours là, pendouillant tristement au soleil. Elles datent du Noël d’avant et elles vont durer jusqu’au Noël d’après. Sans doute les a-t-on laissées là parce que c’est moins fatiguant : on n’a ni à les décrocher ni à les raccrocher. C’est peut-être moins fatiguant, mais moi, ça me déprime complètement. Alors qu’au creux de l’hiver, juste avant Noël et juste après Noël, ça fait un bien fou, les guirlandes, les étoiles, les illuminations qui brillent dans la nuit, qui réchauffent dans le noir.
Bon, on n’est pas forcé d’aimer Noël, les Père Noël qui suent sous leur bonnet, les chants de Noël qui se déversent jusqu’à plus soif de tous les magasins, la course hystérique aux cadeaux de Noël, toute cette frénésie écœurante d’huître, de fois gras et de dindes aux marrons qui feraient détester Noël. Mais les petites lumières de Noël, dans la nuit, dans le froid, dans le noir, ça donne du courage. Ça aide à tenir. Parce qu’on a besoin de lumière, en plein cœur de l’hiver. Enfin, je dis ça, c’est juste pour me donner le moral, très égoïstement et ce d’autant que j’adore les huîtres et le foie gras. Mais, je pense aux feuilles mortes, aux arbres tout nus, aux arbres tout noirs, ça me démoralise rien que d’y penser. Et aux jours qui raccourcissent, la nuit qui tombe dès cinq heures du soir et même avant, c’est tellement injuste, on n’a rien fait pour mériter ça. Alors je regarde les feuilles rouges et jaunes tant qu’il y en a, tant qu’elles sont là, et je m’accroche aux lumières de Noël qui, dans un mois, un mois et demi, viendront trouer la nuit.
Maintenant, ce qui serait bien, c’est qu’il y ait des bonnes nouvelles, pour changer. Pas juste des nouvelles moches comme des feuilles mortes, comme des arbres morts, comme de la nuit morte. On en a un peu marre, de ces nouvelles-là. On se dit qu’on a tout de même droit à autre chose. On n’est pas fait pour l’hiver sans fin, un long hiver de givre, de gel et de noir. Les feuilles qui éclaboussent le ciel de l’automne, le ciel gris, le ciel bas de l’automne, on les regarde comme une promesse. Parce qu’on a envie d’y croire. Malgré tout, contre tout.
-
Pour une fois, ça fait du bien ...
- Par LESTEL Christian
- Le 26/11/2010
- Dans BLOG
Lettre ouverte à monsieur Raphaël Haroche
A une époque où il est de bon goût de "niquer la France", de siffler son hymne national, de primer une photo montrant un homme se torchant les fesses avec le drapeau bleu blanc rouge, le chanteur Raphaël a sorti, avec une promotion médiatique énorme, une chanson, "Patriote". Il a choisi, pour faire sa publicité, de monter sur une échelle, et de vouloir tourner en dérision Jeanne d’Arc, et à travers elle notre pays.
Cela a fait réagir Myriam Picard, jeune femme de 25 ans, qui a tenu à rosser ce "freluquet", avec un style, un panache et une élégance dont j’ai envie de vous faire profiter.
Lettre ouverte à monsieur Raphaël Haroche
Vous vous êtes permis récemment de commettre une chanson, « Le patriote ». Le message que vous y donnez est clair : vous méprisez la France, vous méprisez les Français. En voici quelques extraits éloquents :
« Si j’étais moins intelligent/Si j’avais pas ma carte de lâche/Je leurs foutrais mon pied dans les dents/Je leurs faciliterais pas la tâche/En première page des magazines/Ils sont partout dégueulant/Leur réformes et leur grippe porcine/Le bon peuple et son président. »
« Il faut chanter la Marseillaise/Et avé’ la main sur le cœur/Moi je la siffle avec les Beurs/Prie pour qu’au foot on soit de la baise/L’ordre moral est bien partout/La démago de gauche à droite/J’aime mieux attendre qu’ils soient bien saouls/Avant de me battre. »
Pour mettre en valeur ces paroles hautement patriotiques, vous avez organisé une lamentable mise en scène, en enfourchant la statue de Jeanne d’Arc (place des Pyramides) et en chuchotant, à l’oreille de ce symbole de la France, combien vous méprisiez ce pays.
Si vous n’êtes pas content de la France, la porte est ouverte. Grande ouverte. Nous n’avons que faire de rebellocrates qui croient monter des barricades quand ils se contentent de gravir prudemment une échelle sous l’œil complice d’une caméra. Et sachez que si vous vous permettez encore une fois de peloter aussi bêtement une statue de Jeanne d’Arc, il y aura sans doute quelques bons Français pour vous rappeler un peu vigoureusement, avec des méthodes de l’époque, ce que fut cette bergère de quinze ans pour des milliers de Français désespérés. Ce n’est pas parce que vous avez beaucoup d’argent, une petite gueule d’amour de Rimbaud en mal de talent, et l’admiration des bobos des rives gauche – et droite, que vous pouvez vous permettre de donner des leçons aux Français. Ces Français que vous jugez « désolants », bramez-vous. Certes, quand ils tolèrent qu’un adolescent attardé de 35 ans leur donne des leçons de vie.
Votre chanson et son clip offensent les millions de personnes qui sont mortes pour la France ; vous marchez sur un sol trempé de larmes et de sang, un sol qui a pu garder son nom et son âme grâce à des hommes et des femmes qui se sont sacrifiés pour que vous ayez un jour la possibilité de vivre libre dans ce pays sur lequel vous crachez aujourd’hui
La Française que je suis vous prie de vous cantonner à des débats à la hauteur de vos capacités. Battez-vous contre le réchauffement climatique, pour la béatification de Karl Lagerfeld, ou pour la culture du boulgour bio, mais ne vous mêlez pas de la France. Elle n’a que faire d’un « planqué derrière ses lunettes noires » (comme vous le dites si bien) qui vit très confortablement dans le XVIIème, n’a jamais eu peur de se faire tabasser dans le métro, et ne sait pas ce que c’est que de vivre à proximité d’un camp de Roms. Car vous ne vivez pas dans la réalité, vous l’ignorez absolument. Papa-maman avocats, enfance à Boulogne, scolarité à Henri IV, épouse qui, pendant que vous caracoliez sur la statue de Jeanne d’Arc, assistait à la Fashion Week : on ne peut pas franchement dire que vous êtes des damnés de la terre.
« Les étrangers, ça va dans des camps / On va quand même pas sauver le monde. » dites-vous avec ironie. Eh bien, si vous trouvez cela tellement révoltant, pourquoi n’en accueillez-vous pas quelques dizaines chez vous ? Avec vos moyens financiers, ce doit être possible. Et nous serions tous ravis de voir ce que donnerait cette confrontation de vos idéaux droit de l’hommistes avec la réalité.
Car la réalité, monsieur, c’est que les Français n’en peuvent plus. Et si le gouvernement a décidé de faire une opération de communication en expulsant quelques Roms, c’est précisément parce qu’il sent la révolte d’un peuple qui n’en peut plus de vivre, jour après jour, la communautarisation de son pays. Voilà sans doute des mots que vous ne connaissez pas. Je vous invite donc à aller vous promener du côté des Mureaux ou de la Courneuve : ce seront des travaux pratiques très instructifs, je n’en doute pas.
Vous verrez alors ce que pensent réellement ces Beurs dont vous parlez, et avec lesquels vous rêvez de siffler la Marseillaise. Vous allez connaître le sens des mots « bolosser » et « face de Craie ». Et j’ose espérer que vous mesurerez alors le courage de ceux qui osent se dresser contre cette inadmissible violence antifrançaise et antiblanche qui gangrène notre pays.
Car les gens de courage ce ne sont pas Zazie, Judith Godrèche, Christophe Willem et vous-même : vous vous indignez très confortablement, derrière des micros ou sur des plateaux TV, vous vous battez contre des moulins à vent, et avez l’impression qu’en défendant l’antiracisme ou le maintien des Roms en France, vous êtes dans l’irrévérence, alors que ce gouvernement que vous critiquez donne depuis des années des millions d’euros à des associations qui pourfendent les mêmes méchants que ceux que vous désignez d’un doigt lisse bordé de cachemire.
Votre chanson sue le mépris. Mépris pour le peuple, mépris pour ses inquiétudes, mépris pour ses souffrances. Mépris pour les symboles d’un pays qui ne doit pas être si atroce que cela, puisque tant de gens veulent y rentrer et y rester.
Quel sera le prochain acte de bravoure et de folie artistique du mutin de Panurge (merci Philippe Muray pour cette belle invention) que vous êtes, Monsieur ? Déféquer devant le Panthéon ?
En vous posant en pseudo résistant, vous vous inscrivez au contraire parfaitement dans l’histoire des collabos et des traîtres qui ont sali notre pays. Vous êtes de ceux qui, depuis plus de trente ans, forcent les Français à se battre la coulpe en permanence, à rougir de leurs valeurs et de leur histoire, à cracher sur tout ce qui est digne et respectable dans un des rares pays où on ne vous colle pas au gnouf pour des propos comme les vôtres.
J’ai 25 ans, Monsieur, je suis française, et fière, quoi qu’il arrive, de mon pays. Aucune nation, jamais, n’est parfaite. Mais j’ai la chance de faire partie d’une grande et belle histoire, j’ai derrière moi des siècles d’héroïsme et de grandeur. J’essaie d’en être digne, tant bien que mal. Alors quand je vois un si petit freluquet s’estampiller bouffon d’une cour et d’un système qui lui rapportent tant d’argent et de médiatisation, je ne peux que me dresser, du haut de ma jeunesse, et vous rappeler à l’ordre.
Au nom de cet hymne que vous raillez, de cette Jeanne d’Arc dont vous vous servez, veuillez, Monsieur Haroche, avoir un peu d’humilité, d’intelligence, et de décence. Vous n’êtes pas Guy Môquet ni Emile Zola. Mais un petit Parisien conformiste dont le plus grand acte de bravoure de sa vie aura sans nul doute été de monter une échelle, place des Pyramides, sans un harnais de sécurité.
Myriam Picard