MOI - ICH
Bienvenue dans mon nouveau chez moi !
Il m'aura fallu le temps de me décider, le temps de retrouver l'envie (un peu aussi...) d'écrire, de raconter, le temps de prendre le temps...
Voilà donc ce blog que j'aurais du commencer il y a presque deux ans alors que je quittais la France pour m'installer en Allemagne.
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Ce n'est donc pas...
... un blog politique, mon avis, ce que je pense, ce que je crois, mon opinion.
Mais c'est...
...ce que je vois, ce qu'on me demande, ce qui me pose problème, ce dont je me souviens.
Donc,
les aimables visiteurs peuvent attaquer les faits mais pas la personne, les idées mais pas l'homme, les fautes d'orthographes mais pas mon clavier....
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Oui c'est pourtant vrai ! La majorité, c’est nous…
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
Oui c'est pourtant vrai ! La majorité, c’est nous…
"...voici le premier impératif : gardons-nous bien de suivre, à la manière des moutons, le troupeau de ceux qui précèdent en allant non pas vers où il faut aller, mais simplement où vont tous les autres. Car rien n'entraîne à de plus grands malheurs que de se conformer à la rumeur publique, en estimant que les meilleurs choix sont ceux du plus grand nombre, de se laisser conduire par la multiplicité des exemples - cela parce que nous vivons non d'après la raison mais dans un esprit d'imitation. D'où cette énorme cohue de gens qui se précipitent les uns sur les autres [...] Aussi est-il néfaste d'emboîter le pas à ceux qui nous précèdent. Comme chacun aime mieux croire que juger, lorsqu'il s'agit de la vie, on ne juge jamais, on croit toujours. Nous sommes emportés dans un tourbillon, jetés à bas d'un précipice par une erreur transmise de main en main. Nous nous mourons des exemples d'autrui ; nous guérirons à la seule condition de nous distinguer de la multitude."
Sénèque -
Lettre à Monsieur Milan Kundera.
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
Lettre à Monsieur Milan Kundera.
Monsieur,
Ecrire à une personne qui ne la lira pas est toujours un exercice périlleux, une sorte d'introspection, de monologue intérieur déguisé. Depuis le début la communication entre nous est biaisée : d'habitude, c'est vous qui me parlez à travers vos livres. A mon tour de vous adresser ces modestes lignes.
Je me souviens de la première fois où j'ai tenu l'un de vos livres entre mes mains. J'avais à l'époque 30 ans, j'avais un métier qui n’avait rien à voir avec la littérature, mais j’aimais beaucoup lire. J’avais entendu cité votre nom : je ne savais pas alors qu'une véritable histoire d’amitié verrait bientôt le jour.
Je me souviens encore de la première fois où vos mots m'ont percuté. J'étais dans mon salon chez moi à Belfort. J'avais « L'Insoutenable légèreté de l'être » sur mes genoux. Comme il est étrange, presque trente ans après, de savoir quelle était ma place dans ce fauteuil, mais surtout d'avoir la nette sensation d'avoir encore au creux de mon ventre ce fourmillement de joie au moment de la lecture des premières pages. J'étais tel un archéologue qui venait de faire la plus belle des découvertes : sous mes yeux se déroulaient des mots qui faisaient écho en moi, et ce vrombissement des sens ne s'est jamais calmé par la suite.
Je me souviens alors d'être tombée en arrêt dans ce fauteuil. Après la lecture du premier chapitre, je savais que je tenais là un livre qui allait encore me faire grandir. Je n'attendais plus que lui pour me poser les bonnes questions sur mon existence.
« L'Insoutenable légèreté de l'être » m'a changé à jamais. Une fois refermé, je n'ai jamais plus été le même.
Parfois un coup de cœur se révèle être un feu de paille. Sitôt allumé, sitôt embrasé, sitôt éteint. Ma fidélité pour vous ne s'est jamais démenti. J'ai alors cherché à en savoir plus sur l'auteur qui était devenu mon fer de lance et il fallait que je susse quel était l'homme derrière ce grand chambardement.
Des sources me disaient que vous aviez enseigné à Rennes puis à Paris. Cette relative proximité géographique m'enivrait, même si je savais bien que jamais je ne vous parlerais. Pour vous dire quoi ? Pour évoquer vos livres, ou encore l'émotion qu'ils dégagent ? De cette vision de la vie que je ne cesserai jamais de vouloir atteindre ? De ce bouleversement dont vous fûtes à l'origine ?
Non, je suis et je resterai un homme de l'ombre.
Aujourd'hui encore cet attrait ne s'est pas démenti : j'attends vos publications, je frémis quand enfin je tiens votre dernier roman entre mes mains, et je redeviens pour quelques minutes ce jeune homme de l’année 84, chargé de rêves et d’espoirs, le cœur encore tout chamboulé.
Je n'ai aucune requête à vous formuler, de quel droit oserais-je ? Mais comme pour un proche, j'attendrai inlassablement de vos nouvelles, ou plutôt votre prochaine publication.
Cordialement vôtre.* * * *
Qui est Milan Kundera ?
Milan Kundera (né le 1er avril 1929 à Brno, alors en Tchécoslovaquie) est un écrivain de langues tchèque et française. Il a obtenu la nationalité française le 1er juillet 19811.
Il a reçu le prix Médicis étranger en 1973 (pour son roman La vie est ailleurs), le Prix de Jérusalem en 1985, le Prix Aujourd'hui en 1993 (pour son essai Les Testaments trahis), le Prix Herder en 2000, le Grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001 et le Prix mondial Cino Del Duca en 2009. Son nom a été fréquemment cité sur les listes du Prix Nobel de littérature.
Il grandit dans un milieu où l'art et la culture sont prépondérants. Son père Ludvík Kundera (1891-1971), célèbre musicologue et pianiste tchèque, recteur de l'académie de musique de Brno lui apprend très tôt le piano. Il met à profit cet apprentissage lorsque, exclu du parti communiste tchécoslovaque, il doit vivre de petits boulots, notamment comme pianiste de jazz. La musique influence son œuvre et sa vie, mais pas seulement : son cousin Ludvík Kundera par exemple est un poète célèbre.
Déçu par le communisme, il développe dans La Plaisanterie (1967) un thème majeur de ses écrits : il est impossible de comprendre et contrôler la réalité. C'est dans l'atmosphère de liberté du Printemps de Prague qu'il écrit Risibles amours (1968) ; ces deux œuvres sont vues comme des messagers de l'anti-totalitarisme.
L'invasion soviétique en 1968 met fin à cette période de liberté d'expression des médias et plonge le pays dans le néo-stalinisme. Cette atmosphère resta inchangée jusqu'à la chute du communisme en Tchécoslovaquie en 1989. Kundera perd son poste d'enseignant à l'Institut cinématographique de Prague et ses livres sont retirés des librairies et des bibliothèques.
La vie est ailleurs est une forme de catharsis pour Kundera, il se confronte à son passé de communiste, sa place en tant qu'artiste… et il s'en libère.
Période française.
En 1975, il quitte, avec sa femme Véra, la Tchécoslovaquie pour la France où il enseigne d'abord à l'université de Rennes 2 et par la suite à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris. La nationalité tchécoslovaque lui a été retirée en 1979 ; deux ans plus tard, l'une des premières décisions du président François Mitterrand fut de lui octroyer la nationalité française, en même temps qu'à Julio Cortazar.
La langue française maîtrisée, Kundera se lance dans la correction des traductions de ses livres. Dans La Plaisanterie, note de l'auteur, il explique l'importance et la raison qui le poussent à réagir de cette manière :
« Un jour, en 1979, Alain Finkielkraut m'a longuement interviewé pour le Corriere della sera : « Votre style, fleuri et baroque dans La Plaisanterie, est devenu dépouillé et limpide dans vos livres suivants. Pourquoi ce changement ? »
Quoi ? Mon style fleuri et baroque ? Ainsi ai-je lu pour la première fois la version française de La Plaisanterie. (Jusqu'alors je n'avais pas l'habitude de lire et de contrôler mes traductions ; aujourd'hui, hélas, je consacre à cette activité sisyphesque presque plus de temps qu'à l'écriture elle-même.)
C'est en 1978 qu'il s'installe à Paris. Il termine L'Insoutenable Légèreté de l'être en 1982 (publiée en 1984), son roman le plus connu. La sortie du film, réalisé par Philip Kaufman en 1988, y est sans doute pour quelque chose.
Dans L'Insoutenable Légèreté de l'être, l'auteur étudie le mythe nietzschéen de l'éternel retour. Il se concentre sur le fait que l'Homme ne vit qu'une fois, sa vie ne se répète pas et donc il ne peut corriger ses erreurs. Et puisque la vie est unique, l'homme préfère la vivre dans la légèreté, dans un manque absolu de responsabilités. Il introduit aussi sa définition du kitsch, c’est-à-dire ce qui nie les côtés laids de la vie et n'accepte pas la mort : « Le kitsch est la négation de la merde » (il s'agit en somme de toute idéologie : kitsch catholique, protestant, juif, communiste, fasciste, démocratique, féministe, européen, américain, national, international, etc.).
L'Immortalité est publiée en 1990.
En 1993, Milan Kundera termine son premier roman écrit en français, La Lenteur (publié en 1995).
L'Identité (achevé en 1995, publié en 1998) est le deuxième roman que Kundera écrit directement en français. Tout comme La Lenteur.
L'Ignorance (publié d'abord en espagnol en 2000, en français en 2003) :
Depuis 1985 Kundera n'accorde plus d'entretiens, mais accepte de répondre par écrit. Toute information à propos de sa vie privée est scrupuleusement contrôlée par lui. Sa biographie officielle dans les éditions françaises se résume à deux phrases :
« Milan Kundera est né en Tchécoslovaquie. En 1975, il s'installe en France »
En mars 2011, son Œuvre (au singulier), en deux volumes, entre au catalogue de la Bibliothèque de la Pléiade. Il rejoint ainsi la liste des très rares auteurs à être publiés de leur vivant dans la prestigieuse collection des éditions Gallimard. -
Le livre.
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
Le livre.
La dernière page était lue, le livre était fini. Il fallait arrêter la course éperdue des yeux et de la voix qui suivait sans bruit, s’arrêtant seulement pour reprendre haleine, dans un soupir profond.
Alors, afin de donner aux tumultes depuis trop longtemps déchaînés en moi pour pouvoir se calmer ainsi d’autres mouvements à diriger, je me levais, je me mettais à marcher de long en large, les yeux encore fixés à quelque point qu’on aurait vainement cherché dans le salon ou dehors, car il n’était situé qu’à une distance d’âme, une de ces distances qui ne se mesurent pas par mètres et par lieues, comme les autres, et qu’il est d’ailleurs impossible de confondre avec elles quand on regarde les yeux «lointains» de ceux qui pensent «à autre chose».
Alors quoi ? Ce livre, ce n’était que cela ? Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie, n’osant pas toujours avouer à quel point on les aimait ; ces gens-là pour qui on avait haleté et sangloté, on ne les verrait plus jamais, on ne saurait plus rien d’eux.
Déjà, depuis quelques pages, l’auteur, dans le cruel « Épilogue», avait eu soin de les «espacer» avec une indifférence incroyable pour qui savait l’intérêt avec lequel il les avait suivis jusque là pas à pas...* * * *
"Tu ne m'échapperas pas, dit le livre. Tu m'ouvres et tu me refermes, et tu te crois dehors, mais tu es incapable de sortir car il n'y a pas de dedans. Tu es d'autant moins libre de t'échapper que le piège est ouvert. Est l'ouverture même. Ce piège, ou cet autre, ou le suivant. Ou cet absence de piège, qui fonctionne plus insidieusement encore, à ton chevet, pour t'empêcher de fuir."
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L'Etat Français est-il un "régime" de soumission ?
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
L'Etat Français est-il un "régime" de soumission ?
L’Etat français est une Dictature moderne, subordonnant le politique à l’économique, c’est-à-dire suspendant l’ordre politique pour l’assujettir à la décision privée (celle des banquiers).
Un régime à tout le moins autoritaire, mais dont l’autoritarisme est paré d’une façade démocratique symbolique.
Prenez l’équilibre des forces institutionnelles sous la Vème République : la séparation des pouvoirs semblent, sur le papier, garantie. Mais dans les faits, accentués par le calendrier électoral, l’Assemblée Nationale est vidée de sa substance, au point que le Parlement français apparaît comme l’un des Parlements les plus faibles du monde, à l’égal des républiques bananières, et qu’il rappelle fortement la chambre d’écho qu’il fut sous le Premier Empire.
Prenez encore le Conseil des Ministres, doublé par un comité d’experts décrétant en lieu et place de la décision publique. Vidé de ses prérogatives, il ne sait que cultiver les effets d’annonce, exhiber la façade d’un rituel bien huilé à la veille des élections, qui verra le fantoche locataire de Matignon ré-endosser ses habits de Premier Ministre pour détourner le mécontentement légitime à l’égard de l’hyper président. Prenez enfin les médias, qui depuis beau temps ont cessé d’incarner en France tout contre-pouvoir.
La France est une dictature moderne, en ce sens que ce qui la fonde est un régime d’allégeance plutôt que de consensus politique.
Une politique d’allégeance où se joue notre destin. D’allégeance, oui, c’est dire combien l’empreinte est féodale, organisant les relations entre dirigeants et dirigés non comme participation civique, mais adhésion coutumière : l’obéissance, en échange de bénéfices d’ordre privé. Hobbes plutôt que Rousseau.
Une allégeance déclinée tout au long des hiérarchies françaises, empilant les renoncements et les prébendes de sorte que la force de cet Etat repose sur la faiblesse du peuple français, vidé de sa substance politique.
Retour à la case absolutiste. La France est l’empire du pseudo : pseudo législatif, pseudo démocratie, et sous cette construction politique autoritaire, la violation de l’égalité des droits y est constante. L’expression d’une culture politique convertie au cynisme le plus éhonté.
La France est même le seul pays qui ose statuer sur l’idéal de la Vie Bonne que les français doivent épouser, un idéal de la vie bonne prôné par l’Etat souverain qui ne cesse de s’opposer à la norme d’égal respect des personnes qui, seule, fonde la légitimité d’une démocratie véritable.
L’Etat français est littéralement devenu une entreprise de déshumanisation de la société française. Une entreprise d’intérêts privés qui ne cesse de nous aider à mieux renoncer au culte du respect mutuel, à nous éloigner du processus de l’association politique.
Comment donc nous entendre avec ceux qui, au gouvernement même, rejettent cette norme de l’égal respect des personnes et placent leur idéal de Vie Bonne au dessus de cette norme ?
Comment nous entendre avec des dirigeants qui ne cherchent que les moyens de défaire l’association politique "France" ? -
Vérités sur la physique.
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
Vérités sur la physique.
Très intéressant et prouvé scientifiquement six vérités dans la vie :
1ère vérité :
On ne peut pas en même temps à la fois tirer la langue et regarder le plafond. C'est une impossibilité physique.
2ème vérité :
Après avoir lu l'affirmation n° 1, tous les crétins vont essayer.
3ème vérité :
Et ils s'apercevront que l'affirmation n°1 est un mensonge.
4ème vérité :
Maintenant vous souriez parce que vous vous rendez compte que vous aussi êtes un crétin.
5ème vérité :
Vous allez bientôt envoyer ce message à un autre crétin.
6ème vérité :
Il y a encore un sourire de crétin sur votre visage.
Je vous demande sincèrement pardon pour ce message, mais je suis moi-même un crétin et j'aime bien être en bonne compagnie.Maintenant
vous avez deux options :
Ou bien oublier cette blague.
Ou bien le faire suivre pour faire sourire comme un crétin à quelqu'un d' autre. -
Avram Noam Chomsky
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
Avram Noam Chomsky
J'avais oublié ce grand penseur, pourtant à la mort de Ben Laden, il avait écrit un article remarquable.
Pour mes amis intéressés voici sa bio et en commentaire ses "dix stratégies de manipulation de masse".
Noam Chomsky, né Avram Noam Chomsky le 7 décembre 1928 à Philadelphie en Pennsylvanie, est un linguiste et philosophe américain. Professeur émérite de linguistique au Massachusetts Institute of Technology où il a enseigné toute sa carrière, il a fondé la linguistique générative.
Chomsky a commencé à développer sa théorie de la grammaire générative et transformationnelle dans les années 1950 en cherchant à dépasser aussi bien l'approche structuraliste, distributionnaliste que comportementaliste dans l'étude du langage naturel. Visant à rendre compte des structures innées de la « faculté de langage », cette théorie est souvent décrite comme la contribution la plus importante dans le domaine de la linguistique théorique du XXe siècle et on a parfois parlé de « révolution chomskienne ». Pour répondre aux critiques développées dans les années 1970 envers son premier modèle, Chomsky a proposé au début des années 1980 une nouvelle version de sa théorie fondée sur une approche modulaire. Il a ensuite jeté les bases, au cours des années 1990, de ce qu'il a appelé le « programme minimaliste ».
Les recherches de Chomsky ont joué un rôle crucial dans ce que l'on appelle la « révolution cognitive ». Sa critique du Verbal Behavior (« comportement verbal ») de Skinner en 1959, a remis en question l'approche comportementale de l'étude de l'esprit et du langage, qui dominait dans les années 1950. Son approche naturaliste de l'étude du langage a également eu un grand impact en philosophie du langage et de l'esprit. Il a également établi la hiérarchie de Chomsky, moyen de classification des langages formels en fonction de leur pouvoir de génération.
Les travaux linguistiques de Chomsky ont eu une influence majeure sur la psychologie et son orientation fondamentale dans la deuxième moitié du XXe siècle. Pour Chomsky, la linguistique est une branche de la psychologie cognitive, de véritables compétences en linguistique impliquent une compréhension concomitante des aspects du processus mental et de la nature humaine. Sa théorie de la grammaire universelle est vue par beaucoup comme un défi direct aux théories comportementalistes établies. Elle a eu des conséquences majeures sur la compréhension de l'apprentissage du langage par les enfants et sur ce qu'est exactement la capacité d'interpréter le langage.* * * * *
"Les dix stratégies de manipulation de masse."
Noam Chomsky a élaboré une liste de dix stratégies de manipulation à travers les médias issues de ses observations
Sans parler pour Chomsky, il me semble que le machiavélisme nécessaire à la mise en œuvre de ses stratégies est sans doute variable d’une clique politique à l’autre, sans distinction a priori d’appartenance à la gauche ou à la droite. L’ensemble de ces stratégies fait partie du “système d’Etat” peu importe qui est au pouvoir, chaque gouvernement ne modifiant quel le niveau d’intensité de telle ou telle approche. Le contrôle d’une partie importante des médias est évidemment un pré-requis pour que tout cela fonctionne, que ce soit par nomination directe des directeurs ou par copinage.
1/ La stratégie de la distraction.
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions.
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3/ La stratégie de la dégradation.
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4/ La stratégie du différé.
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge.
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »
6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion.
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise.
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles»
8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité.
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
9/ Remplacer la révolte par la culpabilité.
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…
10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. -
De la bonne et belle publicité.
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
De la bonne et belle publicité.
En ces temps où il est si bien vu d'assassiner la publicité et ses auteurs, prenons la défense de ces créateurs anonymes, non dénués d'humour et de créativité...
Et ensemble, découvrons la création d'une campagne publicitaire où un célèbre mannequin brésilien (Mademoiselle Bündchen) se retrouve habillé... d'eau ! Jolie robe, n'est-ce pas ? -
Le coureur et le marcheur…
- Par LESTEL Christian
- Le 14/02/2012
Le coureur et le marcheur.
Un jour au cours d’une de mes randonnées j’ai rencontré un joggeur sur le sentier. Il porte un ensemble débardeur flottant très chic, bleu roi fluo avec des reflets argentés, très brillant, très clean, et pour seuls accessoires un compte pulsations et un baladeur MP3.
Je suis en short bermuda kaki plaqué de poches multiples, sac au dos contenant pharmacie avec minidoses de tout (ne pas oublier l'arnica), nourriture, boisson et l'inévitable couteau suisse. Encore n'est-ce qu'une simple balade de deux ou trois heures, sinon j'aurais aussi carte, boussole, altimètre, écran solaire, allumettes et amadou (dans une boîte de pellicule photo) sacs poubelle (pouvant servir de bottes pour traverser un torrent sans se déchausser, de sursac en cas de pluie), jumelles, lacets de secours (pouvant servir de garrot, de ficelle), épingles de sûreté (pouvant servir d'hameçon, de tire-échardes, de pince à linge) couverture de survie ultralégère réflectorisée (pouvant servir de tapis de sol, de signalisation) et quelques vêtements (surtout les chaussettes). J'ai sur le dos un polo, choisi parce qu'il n'a pas de couture sur l'épaule et qu'il évacue bien la sueur.
Il est tête nue, cernée (auréolée ?) d'un bandeau éponge assorti à son ensemble, il porte des chaussures de nike à air compensé dégageant bien la malléole (petites chaussettes basses invisibles, ça doit porter un nom mais je ne le connais pas), d'où s'élance son mollet fin et musclé. Bronzage bien homogène, parfait. Je suis coiffée de mon chapeau de brousse léopard, chaussée de grolles de montagne (légères tout de même) qui surtout prennent bien la cheville, chaussettes de laine roulées au-dessus laissant voir 20 cm de mollet (pas fin) et le genou. Il est clair que le résultat sur le bronzage est désastreux : pire que le bronzage "cycliste", le bronzage zoné, comme jadis celui des faneuses et des glaneuses... un bronzage asservi, résultat d'autre chose, et non obtenu pour lui-même. Mes lunettes de vue sont attachées par un cordon qui les immobilise sur l'arrière de mon crâne, j'ai trop peur de les perdre. Pour aggraver la scène et la porter à la caricature, il descend et je monte.
Il survole le sentier coudes au corps, effleurant le sol de l'avant du pied, tel un Mercure auquel il ne manquerait que les ailes.
Tel un Vulcain qui boiterait des deux côtés, je le foule soigneusement en posant à chaque pas toute la surface de la semelle, bougeant le reste du corps le moins possible : ne faire travailler que l'articulation du genou et celle de la hanche pour monter, soulager le mollet volontiers pris de crampes. Je prends appui sur mon vieux bâton méticuleusement sculpté par mes soins.
Une libellule tombée du ciel va frôler un batracien monté des enfers.
Nos regards se croisent. Deux mondes se toisent. Lui, craintif à l'idée que je pourrais m'arrêter et entamer une conversation sénile sur le temps qu'il fait et le temps qu'il faut, les champignons, les chemins trop bien balisés où on ne se perd plus, la description de ce que c'était il y a trente ans, les récits de sites durement atteints, les leçons de sagesse du berger : « vous mettrez 3 heures si vous marchez normalement, mais 7 heures si vous vous pressez », on la connaît celle-là et les soupirs sur le mode poético-réactionnaire : « tout fout le camp! ». Le papy-boom va lui casser son rythme (parce que, il n'a pas besoin d'écouter le berger, il fait ça en courant 1h aller-retour). Il anticipe la rencontre par un regard lointain mais pas hostile, juste de quoi me tenir à distance sans m'offenser. Ouf ! non, on se salue sans s'arrêter, il a compris ou il s'essouffle déjà dans la montée, tant mieux. Il me méprise légèrement, pour ma lourdeur, pour ma lenteur, pour mon accoutrement fondé sur le bricolage et le détournement, pour l'idéologie « baba cool » qu'il me suppose, pour mon âge... Même si j'admire sa vitesse, sa légèreté, sa fragilité, cette manière de se signaler comme extraordinaire, je le plains, pour son aspect impeccable, pour son dénuement élégant et si bien étudié, pour sa gestique chichiteuse, pour sa temporalité brève, pour son mutisme, pour son souffle mécaniquement réglé, pour sa façon de traiter le chemin comme une piste sans accroc, sans crotte, sans cailloux, sans ronces, sans taons, sans tiques, sans odeurs, sans râles, sans chants, sans plumes d'oiseaux laissées par les prédateurs, sans taches de sang d'animaux blessés, sans serpents venimeux, pour son ciel bleu, pour ses zéphyrs, pour son goût « des pays imbéciles où jamais il ne pleut». Sûr que dans la ville où il habite, le samedi avec son sac de tennis ou de golf jeté négligemment sur l'épaule, il fait la queue dans le métro pour prendre l'escalier mécanique : il ne transpire que proprement, quand il faut. Sa courte urbanité sans mémoire se mesure à l'usage qu'il fait des « équipements » et « aménagements » divers, sa ruralité avide d'air pur s'arrête à la merde de sanglier dont il craint de souiller ses « nike ». Encapsulé dans un corps de rêve promu fin en soi, il est définitivement et partout de passage. Je suis dans la ville comme je suis sur ce sentier, humant, m'incrustant, séjournant. J'aime l'odeur de liberté et de véracité de la ville, autant que celle, légèrement écœurante, du champignon qui se délite et pourrit. C'est pour lui que certains commerciaux ont naguère stupidement inventé de distiller des "parfums" (genre M. Propre) en station, parce que les moteurs chauds, il paraît que ça sent mauvais (en fait c'est surtout la superposition de parfums qui pue). Comme est mauvaise l'odeur du chevreuil (terrible odeur de bouc....), celle de la petite musaraigne crevée qui se décompose, là au bord du sentier... Ce n'est pas ça la nature qu'on voit dans les images de sports de glisse et les pubs pour petits déjeuners à la campagne sur la terrasse avec les enfants, images légèrement surexposées du bonheur insipide où rien n'arrive, où l'accident « pas grave » ne peut être que ludique et réparable comme une tache de confiture sur un tee-shirt pastel minette, images ripolinées du déni des choses telles qu'elles sont, où rien n'est perfectible puisque tout est parfait. Sans doute aime-t-il la montagne, il en est tellement proche sans appareillage, j'aime qu'elle me tienne en respect et j'en respecte les distances. Il est sûrement favorable à la « réintroduction » du loup dans Schwäbische Alb, bien « qu’étranger », j'y suis hostile. Au fait, j'avais oublié un accessoire : dans le fond de ma poche, avec le mouchoir et le papier toilette de secours, il y a un sifflet. Parce que si on rencontre un loup ou un ours, il ne sert à rien de courir, ça réveille le redoutable prédateur, il faut faire du bruit, ça effraie la bête brute. J'ai des tas de bidules comme ça, parce qu'on ne sait jamais, parce que la nature, comme la ville, n'est pas belle et lisse mais râpeuse et sublime, parce que les zéphyrs peuvent à tout moment se changer en aquilons, parce que les fils de la vierge sont tissés par des araignées, parce que le temps passe, que la pluie vient, que l'orage menace, que la nuit tombe, que le brouillard me rattrape, que le dernier bus se rate, que la vie s'écoule, que les choses précieuses et rares se dégradent, parce que vivre tue... Je me fais du cinéma moi aussi ? Probablement, mais on ne regarde pas le même film.