Pierre Schoendoerffer (1927- 2012)
- Par LESTEL Christian
- Le 08/05/2014
Ce visage de svelte et juvénile officier incarné par Jacques Perrin dans la 317 ème Section (1965), le premier chef-d’oeuvre cinématographique de Pierre Schoendoerffer (1927- 2012), son film fondateur, inspiré par son expérience indochinoise, traverse les siècles. Il est le visage européen du soldat éternel, héritier des héros de l’Antiquité et du Moyen Age, guerrier endurci et pudique, mais aussi souffrant et fragile, témoignant d’une sorte de vertu sacrificielle. Héros mais pas surhomme. Il nous parle fraternellement. Cameraman de l’armée française en Indochine, « rapporteur de guerre », documentariste, romancier, cinéaste, Pierre Schoendoerffer, qui vient de disparaître, laisse une oeuvre unique. Les guerres d’Indochine et d’Algérie en constituent, pour l’essentiel, la toile de fond. Il les a filmées comme personne, à hauteur humaine, sans pathos, sans idéologie. Sur cette toile, il a composé un chant douloureux et lumineux à la mémoire d’hommes devenus des réprouvés, et voués à la solitude, pour être restés fidèles aux valeurs et aux rêves de leur enfance dans un monde occidental gangrené par l’utilitarisme marchand.
Signe étrange du destin : Pierre Schoendoerffer s’est éteint le 14 mars à six heures du matin. Soit – au jour et à l’heure près – cinquante-huit ans, exactement, après que les premiers soldats français commençaient à tomber dans la cuvette de Diên Biên Phu. Il est de notre devoir de lui rendre hommage.
Étroitement associé à l’oeuvre du cinéaste depuis la 317e Section, Jacques Perrin demeure celui qui, avec Bruno Cremer, incarna de façon emblématique la figure du héros selon Schoendoerffer.
23 mai 2012