Souvenirs de soldat

Le 25 avril 1974, à minuit quinze...

Le 25 avril 1974, à minuit quinze, la chanson "Grândola, Vila Morena" de Zeco Afonso fut diffusée à la radio portugaise, Radio Renascença, et servit de signal pour commencer la révolution qui renversa le régime de Salazar. 
Elle est ainsi associée à la Révolution des Œillets et à la restauration de la démocratie au Portugal…:

Grândola, vila morena / Grândola, ville brune
Terra da fraternidade / Terre de fraternité
O povo é quem mais ordena / Seul le peuple ordonne
Dentro de ti, ó cidade / En toi, ô cité

Dentro de ti, ó cidade / En toi, ô cité
O povo é quem mais ordena / Seul le peuple ordonne
Terra da fraternidade / Terre de fraternité
Grândola, vila morena / Grândola, ville brune

Em cada esquina um amigo / À chaque coin un ami
Em cada rosto igualdade / Sur chaque visage, l’égalité
Grândola, vila morena / Grândola, ville brune
Terra da fraternidade / Terre de fraternité

Terra da fraternidade / Terre de fraternité
Grândola, vila morena / Grândola, ville brune
Em cada rosto igualdade / Sur chaque visage, l’égalité
O povo é quem mais ordena / Seul le peuple ordonne

À sombra duma azinheira / À l’ombre d’un chêne vert
Que já não sabia a idade / Dont je ne connaissais plus l'âge
Jurei ter por companheira / J’ai juré d’avoir pour compagne
Grândola a tua vontade / Grândola, ta volonté

Grândola a tua vontade / Grândola, ta volonté
Jurei ter por companheira / J’ai juré de l'avoir pour compagne
À sombra duma azinheira / À l’ombre d’un chêne vert
Que já não sabia a idade / Dont je ne connaissais plus l'âge.

Le célèbre hymne national de France a été écrit pendant la Révolution française.

Le 24 avril 1792, Dietrich, maire de Strasbourg, a fait remarquer que les soldats français n'avaient pas de chant de marche. Ce soir-là, Claude Joseph Rouget de Lisle, jeune capitaine des ingénieurs, a ramassé son violon et compose les paroles et la musique d'une chanson patriotique.

De Lisle a chanté pour la première fois cet hymne " Chant de guerre pour l'Armée du Rhin," au domicile de Dietrich, lors d'un banquet patriotique.

En juin, des bénévoles de Marseille ont chanté "Chant de guerre pour l' Armée du Rhin" alors qu'ils marchaient à Paris après qu'un jeune bénévole de Montpellier appelé François Mireur l'ait chanté lors d'un rassemblement patriotique. Ces bénévoles l'ont chanté alors qu'ils faisaient leur entrée dans la ville de Paris le 30 juillet 1792. Les Parisiens, ignorants de l'origine de la chanson de Marseille, ou " La Marseillaise."

Claude joseph rouget de lisle

Dans la série, du devoir de mémoire

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 25 avril 1954 dans la cuvette ?

Entre OPERA et DOMINIQUE, les Viêts lance une reconnaissance en force qui se dissout aux premières réactions de notre artillerie.
Les travaux de siège qui ont réussi à l’ennemi pour HUGUETTE 6 et 1 se poursuivent, ils visent maintenant HUGETTE 5 et 4.

Le 1/13 DBLE du commandant COUTANT va s’installer sur ELIANE 2 où il relève le 2/1 RCP qui se regroupe avec BRECHIGNAC sur ELIANE 4.
Le harcèlement du camp retranché se poursuit au même rythme que les jours précédents.
77 tonnes seulement sont larguées.

* Au LAOS :
Le colonel GODARD a lancé le 1° Bataillon de parachutistes Laotiens en direction de Muong-Koua et de Dien Bien Phu .

* A LONDRES :
Réunion à Downing Street pour examiner la demande d’aide française .

* A PARIS : A Orly en fin d’après midi BIDAULT vient saluer EDEN en transit pour Genève, EDEN est très clair, l’Angleterre n’est pas prête avant la conférence de Genève, à prendre le moindre engagement au sujet d’un engagement militaire en Indochine.

Photos : assaut francais contre assaut viet...

Assaut

"Le Chant des partisans", interprété par Anna Marly.

Biographie de Anna Marly

Anna Marly, de son vrai nom Betoulinsky, née le 30 octobre 1917 à Saint Pétersbourg, morte le 15 février 2006 à Palmer en Alaska est une chanteuse et guitariste française
Exilée russe, elle sera danseuse dans les ballets russes, chanteuse vedette dans des cabarets parisiens. Elle arrive à Londres en 1941, inconnue. D'abord projectionniste, puis cantinière au sein des volontaires de la France libre, elle entre à l'E.N.S.A, théâtre aux armées. Le soir, elle compose des chants que lui inspire le gigantesque combat qui se livre. Elle les interprète devant ces soldats et ces marins qui sont bouleversés par la beauté et la force de ses mélodies : Le chant des partisans, La complainte du partisan, Paris est à nous, la chanson des V. Un soir, sous le coup d'une inspiration subite et de l'émotion, pendant la bataille de Smolensk, elle improvise la marche des partisans en russe et en sifflant.

L'air est sifflé et non chanté, simplement accompagné par le bruit feutré des pas sur les cordes bloquées de la guitare. Ce fut la première version du chant des partisans. Ses hymnes à la liberté, chantés, entonnés, sifflés d'abord par les maquisards seront repris par tous à la libération.

En 1945, à son retour en France, elle connaîtra la gloire. Elle fuira ce tourbillon (couverture de magazines, galas...) en 1947 pour parcourir l'Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili, Pérou notamment). De 1955 à 1959, elle sillonnera le continent africain avec sa guitare avant de s'installer aux États-Unis. Troubadour, elle aura composé près de 300 chansons. Décorée de l'ordre national du Mérite en 1965, elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur par le président François Mitterrand en 1985 à l'occasion du quarantième anniversaire de la Victoire, en reconnaissance de l'importance du Chant des partisans, qu'elle interprète le 17 juin 2000, au Panthéon avec le Chœur de l'armée française, à la veille du 60 ème anniversaire de l’Appel du 18 juin.

Elle meurt le 15 février 2006 à Palmer en Alaska.

Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 24 avril 1954 dans la cuvette ?

72 volontaires ont été largués avant le jour.
L’échec de la contre-attaque devant HUGUETTE 1 oblige le commandement à remanier le dispositif du camp retranché.
le PA OPERA est trop avancé, il sera évacué la nuit prochaine et détruit par le génie.
Le DRAIN, devient un Point d’Appui avancé.
Les orages transforment le drain en torrent boueux qui emporte tout sur son passage.
Les 130 tonnes larguées aujourd’hui maintiennent les niveaux des dépôts à deux jours de vivres et à cinq unités de feu.
Ce qui reste du 2° BEP se joint au rescapés du 1° pour former un seul bataillon à quatre compagnies.

Le soir, BIGEARD qui commande les interventions fait le bilan des moyens :
- Sur EPERVIER, le CNE TOURRET commande ce qui reste de son bataillon, le 8° BPC, soit 400 hommes valides, la 1° compagnie du 5° BPVN et 2 compagnies du BT 2 . pour un total de 530 combattants.
- Sur les HUGUETTES, le commandant GUIRAUD dispose de 500 hommes des deux BEP regroupés et d’une compagnie de marocains soit 140 hommes commandés par le CNE NICOD, soit 640 combattants .
- A LILY le commandant NICOLAS a regroupé le reste du ¼ RTM, soit 250 hommes .
- CLAUDINE est tenue par le commandant CLEMENCON et le REI, soit un peu moins de 400 hommes.
- JUNON est occupé pat les Thaïs Blancs du CNE DULUAT auxquels sont venus se joindre les 30 aviateurs du CNE CHARNOD.
- Les ELIANE 1 , 2 , 3 et 4 sont commandés par BRECHIGNAC. Il a avec lui les 400 hommes restants du 2/1 RCP, deux compagnies du 5° BPVN commandées par BOTELLA, le 1° bataillon de la 13° DBLE du CNE COUTANT et deux compagnies du 6° BPC et 200 hommes en réserve, soit 1150 combattants.
- DOMINIQUE 3 et ELIANE 10 ( ELIANE bas ) sont commandées par le commandant CHENEL qui compte encore 350 tirailleurs Thaïs, il a avec lui la dernière compagnie du 3/3 RTA et une compagnie du 6° BPC en réserve, soit 650 hommes.
- A ISABELLE, le colonel LALANDE signale qui lui reste 400 légionnaires du 3/3 REI , 490 algériens du 2/1 RTA , 200 Thaïs du CNE DESIRE , et 140 hommes du 5/7 RTA rescapés de GABRIELLE. Soit environ 1250 combattants.
- Dans la position centrale, BIGEARD compte 3620 fantassins auxquels viennent s’ajouter les artilleurs et les cavaliers des chars.

 La situation sanitaire des blessés de Diên Biên Phu devient préoccupante. A cette date, 402 blessés couchés et 676 assis encombrent les antennes chirurgicales exigües. Près du double, souffrant de blessures plus légères sont soignés au sein de leur formation.

En face, chez l’ennemi, les divisions Viêts-minh ont été re-complétées par 25.000 recrues.
Elles totalisent 30 bataillons environs, 35.000 combattants auxquels il faut ajouter l’effectif de la division lourde et environ 50.000 travailleurs .

A quelques jours du début de la troisième offensive Viêt, le rapport des forces est donc de 1 contre 10.
* A Paris, une réunion gouvernementale porte essentiellement sur la préparation de la conférence de Genève et une nouvelle demande d’aide aux américains .
* A Dien Bien Phu les orages continuent de tourner, ce qui contribue à gêner ou interdire les parachutages, l’eau ruisselle dans les tranchées et les abris.
* La colonne CREVECOEUR se fraie dit-on un passage vers la vallée à partir du LAOS d’où elle est partie, mais les vieux PARAS, ceux du BEP ou du 8° Choc qui ont participé à Noël 1953 à l’opération REGATES, savent bien les problèmes rencontrés par le colonel GODARD, responsable en titre de la colonne ALBATROS , au fur et à mesure de son avance, avance dont les Viêts qui écoutent la radio, n’ignorent rien.

Photos  : plan et vue du camp retranché.

Plan et vue camp dbphu

Dans la série des hommes exceptionnels : Le capitaine Chevalier

DIEN-BIEN-PHU : Nuit du 22 au 23 avril 1954.

Le début de la soirée du 22 avril a été calme en dehors de l’habituel échange de coups de canon. Huguette 5 a été alerté. On se bat depuis toute la journée pour essayer d’ouvrir le boyau vers Huguette 1 où Chevalier commence à manquer d’eau et de munitions. Impossible de franchir les 100 derniers mètres.

Sur 148 tonnes parachutées, 10 p. 100 seulement tombent chez l’ennemi.

Voici la différence entre le récit d'un historien ci-dessus et celui d'un combattant qui a vécu l'événement ci-dessous...
"... Le convoi de ravitaillement pour Huguette 1 se met en branle dès la tombée du jour. Le B.E.P., ou ce qu’il en reste : deux compagnies à quatre-vingts hommes, est en tête pour ouvrir une brèche dans la tranchée viet. Derrière vient la longue file des P.I.M., le dos voûté sous la caisse de grenades ou le jerrycan d’eau, le ventre creusé par la peur. A 100 m d’Huguette 1, à portée de voix, il faut sortir du boyau et franchir les ouvrages viets. Les légionnaires prennent pied dans les premiers éléments de tranchées, mais il faut les nettoyer mètre par mètre et les tenir car le Viet revient sans cesse comme le flux.

2 h 10. A la radio, Chevalier répond encore : "Nous ne sommes pas attaqués mais le Viet semble passer de tous les côtés. Pour l’instant nous parvenons à maintenir les infiltrations. Dépêchez-vous d’arriver". 

Trente boyaux serpentent sous les réseaux de barbelés d’Huguette 1, avancent lentement vers le cœur du P.A., se crispent comme des doigts maigres sur une gorge. Huguette 1 étouffe.
2 h 30. Chevalier ne répond plus. Le convoi de ravitaillement est toujours bloqué. Les légionnaires parachutistes devinent, au-delà des explosions proches, le silence qui recouvre Huguette 1. Puis arrive le premier rescapé du point d’appui, un légionnaire terreux, sanglant, essoufflé.
Les Viets sont partout, le capitaine Chevalier est mort debout au centre du P.A. encerclé.

4 heures. Un bataillon viet-minh venant de Huguette 1 attaque vers le sud et chasse le convoi de ravitaillement qui se replie... "
[Pouget, 1964. Nous etions a Dien-Bien-Phu. p. 402-3]

Plan du camp de dbphu

Saint Georges (23 avril)

Ce n'est pas parce que je suis fantassin que je ne peux pas souhaiter une bonne fête à tous mes amis cavaliers alors, et par St Georges !
"À nos femmes, nos chevaux et aux hommes qui les montent, vive la Cavalerie !"

Saint georges

Dien-Bien-Phu.

La bataille de Diên Biên Phu (Điện Biên Phủ selon l'orthographe vietnamienne) est un moment clé de la guerre d'Indochine qui se déroula du 13 mars au 7 mai 1954 et qui opposa au Tonkin les forces de l'Union française aux forces Việt Minh, dans le nord Viet Nam actuel.

Occupée par les Français en novembre 1953, cette petite ville et sa plaine environnante devint l’année suivante le théâtre d'une violente bataille entre le corps expéditionnaire français, composé de diverses unités de l’armée française, des troupes coloniales et autochtones, sous le commandement du colonel de Castries (nommé général durant la bataille) et l’essentiel des troupes vietnamiennes (Việt Minh) commandées par le général Giáp.

Cette bataille se termina le 7 mai 1954 par arrêt du feu, faute de munitions, selon les consignes reçues de l'état-major français à Hanoï. Hormis l'embuscade du groupe mobile 100 à An Khé, elle fut le dernier affrontement de la guerre d'Indochine. Cette défaite accéléra les négociations engagées entre les deux parties.
La France quitta la partie nord du Viêt Nam, après les accords de Genève, signés en juillet 1954, qui instauraient une partition du pays de part et d'autre du 17e parallèle Nord.

Forces en présence :

Viêt Minh : Au 13 mars : 48 000 combattants, support logistique de 15 000
7 mai 1954 : 80 000 hommes en comprenant les services et la chaîne logistique.
France : Au 13 mars : 10 800, 7 mai 1954 : 14 014 hommes (services et logistique)

Pertes : 

Viêt Minh : entre 23 et 25 000 morts. Environ 15 000 blessés.
France : 2 293 morts, 5 195 blessés, 11 721 prisonniers dont 3 290 reviennent vivants en France et 7 801 disparus.

Ce fut la bataille la plus longue, la plus furieuse, la plus meurtrière de l'après Seconde Guerre mondiale, et l'un des points culminants des guerres de décolonisation.

Dbphu hier et aujourd hui

Dans la série, du devoir de mémoire.

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 22 et 23 avril 1954 dans la cuvette ?

HUGUETTE 1 tombe.
Les rescapés ne peuvent que raconter la dernière image qu’ils ont conservé, celle du capitaine CHEVALLIER debout sur le toit de son PC tirant ses ultimes cartouches, puis disparaissant sous une nuée d’hommes en noir...
Le point d'appui Huguette 1 est investi de toutes parts.
A 1 heure du matin, CHEVALLIER ne répond plus.
De CASTRIES décide la reprise de ce PA perdu. A 11 heures, le 2° B.E.P reçoit l'ordre d'attaquer.
Deux compagnies (PETRE - de BIRE ) venant du sud (Huguette 2) deux compagnies venant de l'ouest (Opéra).
A 16 heures, échec de la contre-attaque.

LA MORT DU 2° B.E.P.
Dès qu’il a appris la tragédie d’HUGUETTE 1 de CASTRIES a convoqué LANGLAIS et BIGEARD et leur a dit !
"Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser HUGUETTE 1 aux mains de l’ennemi, il ferait un bon en avant de 300 mètres en avant et les PC seraient désormais à portée immédiate des armes d’infanterie".
Il a commandé la reprise de la position.
En dépit de la réticence de ses adjoints qui mettent en avant le peu de moyens et d’hommes dont ils disposent, de CASTRIES maintient sa décision leur laissant le soin de la mettre en œuvre.
Pour BIGEARD et LANGLAIS le décompte est simple.
Il n’y a à DIEN BIEN PHU qu’une seule unité à peu près complète, susceptible de mener l’attaque.
Il s’agit du 2° B.E.P. du commandant LIESENFELT.
Convoqué à l’aube, ce dernier demande des délais, le rassemblement de son bataillon demandera de longues heures, il met en jeu pas moins de 14 mouvements d’unités qui doivent assurer la relève de ses compagnies.

BIGEARD qui est fatigué dit que le 2° BEP a l’habitude de ce genre de manœuvres et décrète, "il n’a pas besoin de moi".
Il y a polémique sur ce sujet, certains disent que BIGEARD fatigué est parti se coucher, ce qui aurait contribué à l’échec de la contre-attaque, d’autres comme le commandant LIESENFELT disent au contraire que BIGEARD est resté près de lui.

Tout ce que LIESENFELT arrive à arracher c’est deux heures de délais, initialement prévue à 14 heures l’opération débute à 16 heures.
MALHEUREUSEMENT, ni l’aviation ni l’artillerie n’ont été averties de ce décalage et selon les ordres les tirs de 105 et de 120 ainsi que le bombardement aérien (préparation d’artillerie avant l’assaut) débutent à 14 heures.
Écrasés sous les obus, les torpilles et le bombes, la garnison ennemie de HUGUETTE 1 serait incapable d’opposer une résistance sérieuse si elle était attaquée. Mais elle ne l’est pas, cette préparation d’artillerie intervient bien trop tôt, LIESENFELT a bien sûr fait arrêter le matraquage d’artillerie, mais il ne peut interrompre le travail des avions.
C’est dramatique, l’artillerie et les mortiers ont déjà dépensé en pure perte la moitié de la dotation d’obus accordée.
Pire, les Viêts se sont ressaisis et sont maintenant prêt à contenir l’assaut des légionnaires parachutistes .

Et quand enfin, deux des quatre compagnies du B.E.P. arrivent sur leurs bases de départ, il est trop tard, l’ennemi est en état de riposter, appuyé par toutes les pièces qui tirent à vue depuis "DOMINIQUE 2" et les mortiers amenés jusqu'aux anciennes positions françaises HUGUETTE 6 et 7.

Et pourtant les compagnies des lieutenants PETRE et LECOUR-GRANDMAISON s’élancent depuis les tranchées de la position OPERA à l’est de la piste.
Elles sont aussitôt clouées au sol par un effroyable barrage d’artillerie et prises à partie par des mitrailleuses installées comme sur un stand de foire dans le nez du CURTISS COMMANDO.
C’est l’hécatombe !

De la même façon, les deux autres compagnies qui devaient s’élancer à partir des lisières nord d’HUGUETTE 3 ne progressent pas d’un mètre, accueillies par un déluge de fer et de feu .
Comble de malchance, brouillé par l’effet de fading provoqué par la masse métallique de la piste d’aviation, le poste radio du commandant LIESENFELT ne peut capter les appels au secours de ses unités.
A 15h45, inquiet de n’avoir aucune nouvelle le général de CASTRIES fait réveiller BIGEARD.
J’ai l’impression que l’attaque piétine, va voir cela de près...
BIGEARD s’équipe rapidement et fonce jusqu’à l’emplacement occupé par LIESENFELT.
Le poste fonctionne et, maintenant la situation apparaît clairement aux deux officiers.
Elle est désespérée.

BIGEARD n’est pas homme à s’acharner et il obtient du général de CASTRIES l’autorisation de repli.
"Je les connais dit-il, si ils n’ont pas réussis personne n’aurait pu réussir !"
Attaquer face à des mitrailleuses est déjà suicidaire, se replier devant elles est peut-être pire encore.
C’est au moment du décrochage que les pertes vont êtres considérables.
Les compagnies BOULINGUIES et DE BIRE mettront près d’une heure à revenir sur leurs bases de départ.
Le lieutenant DE BIRE est touché gravement aux jambes, il avance en utilisant des pelles de tranchées.
Sur la piste d’aviation c’est le massacre, les lieutenant PETRE et LECOUR-GRANDMAISON sont blessés à leur tour.
Leurs compagnies ont perdu 80 pour cent de leurs effectifs, c’est YZQUIERDO, un jeune lieutenant qui parvient à ramener les survivants jusqu'à OPERA, il ne reste qu’une petite section.
Au soir le 2° B.E.P. est dissous, les rescapés iront rejoindre les rangs du 1° B.E.P. qui prendra la dénomination de BATAILLON DE MARCHE ETRANGER PARACHUTISTE.
La bataille des 3 HUGHETTE du nord est désormais terminée, une page d’histoire de DIEN BIEN PHU est désormais tournée.
Si du coté français elle a coûtée très cher, environ 700 hommes, elle a été encore plus meurtrière pour l’ennemi, GIAP lui même reconnaîtra que ces 3 semaines de combat ont porté un coup sévère à son potentiel , comme au moral de ses troupes.


Photo : le Commandant Liesenfelt patron du 2 ème BEP

Commandant hubert liesenfelt

Dans la série des hommes exceptionnels : Le sergent Mitry

Dien-Bien-Phu, Le 21 avril, un homme surgit dans l’abri-infirmerie : "Salut à tous", crie-t-il en enlevant son casque.
C’est le sergent Mitry, infirmier de compagnie, un gai luron de taille moyenne mais très solide, qui n’a pas froid aux yeux et vient souvent en liaison pour amener un blessé ou chercher des médicaments.

Un sergent-chef aviateur, son meilleur camarade, le suit.
Tous deux semblent très excités. Mitry pose sur le sol le paquet qu’il porte, fouille dans la poche extérieure de son pantalon en toile camouflée, en sort une feuille pliée en quatre, la déplie avec soin, se racle la gorge et lit :

"Aujourd’hui, 21 avril 1954, nous devons fêter le neuvième anniversaire de la mort du Führer ! Beaucoup de légionnaires sont ici, à Diên Biên Phu, grâce à lui ! Sans Hitler, nous n’aurions pas l’insigne honneur d’être enfermés dans cette fichue cuvette, et nous n’aurions pas le bonheur suprême d’y laisser notre peau ! "
Mitry marque un temps de quelques secondes et conclut :

"Nous ne pouvions pas laisser passer l’événement sans agir. Nous allons le fêter comme il convient ! "
Pour arroser l’anniversaire de la mort d’Hitler, le sergent Mitry, ancien de la division Charlemagne a fait une collecte de Nescafé et de cigarettes pour les blessés. On fait chauffer de l’eau et l’on distribue à chaque homme un quart de jus et une Pall Mal. C’est la fête ! Au bout d’un moment, Mitry et l'aviateur remettent leur casque. "Au revoir, les copains. A bientôt ! "
Et ils s’éclipsent comme ils sont venus, en trombe.

Deux heures plus tard, le téléphone de campagne grésille. Madelaine décroche l’appareil.
"Ici la 7e compagnie, vous n’auriez pas vu Mitry, par hasard ?" Si, bien sûr, dit Madelaine, il est venu nous rendre visite.
Nous avons besoin de lui de toute urgence. Dites-lui de revenir immédiatement !
Impossible ! Il est reparti depuis deux heures !

Deux heures ? Madelaine demande au sergent Bauer de jeter un coup d’œil à l’extérieur pour voir s’il n'est pas dans les parages.
Bauer sort de l'abri, fait quelques pas dans la tranchée qui longe la route. Soudain, son attention est attirée par un objet qui brille. Il regarde mieux ; à quelques mètres, une main est posée sur la route, une main dont un doigt porte une grosse chevalière dorée.

"La main de Mitry ! " songe Bauer qui avait remarqué la bague sur laquelle étaient gravées ses initiales.
La route est battue par l’artillerie ennemie. L’endroit est malsain. Bauer prend son élan, saute sur la route, s’empare au vol de la main qui traîne sur le sol, et plonge immédiatement dans la tranchée qui borde l’autre côté de la route. Une détonation assourdissante y accueille son arrivée. Un obus de 75 sans recul l’a frôlé et a explosé sur le bord de la tranchée. Evidemment, Bauer n’en a pas entendu le coup de départ. Il lève les yeux : le corps du sergent-chef aviateur qui accompagnait Mitry gît à quelques mètres. Il est mort.
Bauer cherche Mitry. Il parcourt un bout de boyau, inspecte les abords. En vain. Il ne reste rien de son camarade, absolument rien que cette main où luit sa chevalière.
Ami, souviens-toi de ces hommes.

[Sergent, 1982. Paras-Légion. Le 2 ème BEP en Indochine. pp. 201-2]

Photos tranchee dbphu

Dans la série, du devoir de mémoire.

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.
La bataille en image.

Dans la série, du devoir de mémoire.

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe le 21 avril 1954 dans la cuvette ?

La nuit a été relativement calme, les Viêts ont bien lancé une attaque vers HUGUETTE 1 mais assez mollement.
Devant ELIANE 1 le 2/1 RCP a lancé un coup de main.
70 hommes ont été largués sur le camp retranché.
Le gros problème du jour est le ravitaillement d’HUGUETTE 1.
le PA est maintenant complètement investi, appuyée par deux chars, une compagnie de la 13° DBLE quelques section du REI et du BEP, tentent toute la journée de desserrer l’étreinte.

Depuis la fin de leur deuxième offensive et plus précisément de leur double échec devant HUGUETTE 1, les viêts ont renoncé aux assauts en force.
Ils creusent tranchées après tranchées, faisant un réseau tentaculaire par où ils s’infiltrent, enserrant, étouffant la position.
Sur HUGUETTE 1, le capitaine CHEVALIER tient toujours, il rend compte par radio.
"j’ai dépensé 3000 grenades à main et plus de la moitié de la dotation en munition ! je peux tenir encore une nuit, deux peut-être... "
Au PC on s’efforce de le réconforter, mais on ne peut rien lui promettre, tous et CHEVALIER le premier savent que le combat est sans espoir.
D’ailleurs où prendre des hommes pour contre attaquer ou relever CHEVALIER ?

Où sont les Paras et les Légionnaires ? Tous les bataillons de Paras et de Légion sont exsangues, à bout de force.
Le docteur GRAUWIN a déjà parlé de soldats relevés sur leur point d’appuis qui se sont écroulés, sans blessure apparente, ils n’ont rien, ils sont morts.
L’agonie d’HUGUETTE 1 continue, CHEVALLIER a regroupé ses 60 légionnaires restants dans le réduit central du point d’appui.
Il sait que la fin est proche, au soir du 22 avril les bo-doïs déboucheront de leurs galeries souterraines, CHEVALIER demandera un matraquage des tubes de 120 sur sa propre position

Photos : Le colonel Lalande et Isabelle

"Le colonel Lalande (commandant le centre de résistance Isabelle) organise une opération – réussie - pour reboucher une partie des tranchées vietminh réalisées par les hommes du bataillon 265 (régiment 57, division 304). 
Sur Eliane 1, les parachutistes du II/1er RCP recueillent un déserteur vietminh disant appartenir à la division 312. Ce dernier dresse un tableau pessimiste des conditions de vie des bo doïs autour de Diên Biên Phu, des pertes terribles causées par l’artillerie et l’aviation françaises expliquant l’arrivée de jeunes recrues moins préparées aux rigueurs du combat".
CDT Ivan Cadeau.

Colonel lalande


 

Dans la série, des hommes exceptionnels : le Lieutenant Alain de Stabenrath.

Alain de Stabenrath est un héros du 1er Bataillon Étranger de Parachutistes (BEP) à Dien Bien Phu. Lieutenant de réserve, il donnera son nom à une promotion d’Élève Officiers de Réserve de Coëtquidan (9 ème Cie juin-septembre 1978).

Il est né le 28 octobre 1925 en Haute-vienne et mort des suites de ses blessures dans un "hôpital" viet le 13 mai 1954 à Dien Bien Phu.

Résumé de la mort du Ltn de Stabenrath (sources : chapitre du livre "Je ne regrette rien" de Pierre Sergent)

Le 25 avril, les deux BEP fusionnent et sont placés sous le commandement de GUIRAUD. Les 1 ère et 4 ème compagnies sont confiés au Ltn de STABENRATH, que l'on surnomme "Stab", le Capitaine LUCIANI reprendra le commandement de ces 2 compagnies dès que son état de santé le permettra, la mission du Bataillon de Marche de Para Légion (1er et 2 ème BEP) est de défendre ce qui reste des "HUGUETTE 2,3,4 et 5"
La tactique des Viets est "l'asphyxie" en grignotant les lignes françaises, en l'honneur du 30 avril, ils apportent des haut-parleurs et s'adressent aux légionnaires de la sorte : "Légionnaires, cessez le combat si vous ne voulez pas vous faire massacrer jusqu'au dernier comme à Camerone." Des dizaines de voix répondent en cœur "Merde" et entonnent "un Boudin" tonitruant.
Le 1 er Mai, les Viets décident d'en finir, ils montent une grande attaque sur "HUGUETTE 5", il y a huit jours que la position est tenue par le Capitaine LUCIANI, le "Stab" et le lieutenant BOISBOUVIER, suite à de fortes averses, les hommes se battent avec de l'eau jusqu'au ventre dans certaines tranchées, ils se sont battu dans des conditions effroyables, et ils ne peuvent plus s'opposer que quelques heures au déferlement du Bataillon 227 du régiment 322 de GIAP.
A 2h30 du matin, GUIRAUD envoie la 2 ème et 3 ème cie commandées par le capitaine BRANDON pour contre-attaquer, à 6h renfort d'éléments du 2 ème REI, à 10h "HUGUETTE 5" est de nouveau aux mains du BEP qui a perdu 88 hommes.
Le soir même, à 20h15 les obus de 120 mm viets pulvérisent tout sur la position, suivent les rafales, les viets attaquent, LUCIANI se précipite hors de son abri suivi de "STAB" et de GRANA, le radio, les viets suintent de partout, les petits hommes en vert gagnent du terrain, ils sont trop, quand une rafale légionnaire détruit un groupe, un autre surgit aussitôt.
BOISBOUVIER, lieutenant de réserve lui aussi, qui tient avec sa section la corne la plus avancée du P.A., ne répond plus à la radio, "STAB" va voir ce qui se passe, en arrivant il crie à un légionnaire : "Où est le lieutenant ?"
"par là" répond le légionnaire en montrant la direction où il s’apprête à lancer un grenade, BOISBOUVIER et la plus grande partie de ses légionnaires ont été submergés par les Viets, "STAB" rend compte par radio à LUCIANI :
"Les viets sont là, BOIBOUVIER a disparu ....",
LUCIANI écoute, il presse sur son oreille le combiné que GRANA le radio lui a tendu, tout d'un coup LUCIANI vacille dans une lueur d'explosion, il s'écroule serrant toujours le combiné, la voix de "STAB" lui parvient distinctement :
"...BOISBOUVIER ....disparu...Les viets...."
puis elle s'éloigne, "STAB" :
"...Répondez...Répondez...."
GRANA, le radio s'est précipité il prend le combiné de la main du capitaine qui le sert encore :
"Mon lieutenant, mon lieutenant ! le capitaine est ..."
il hésite
"...le capitaine a été touché, il est tombé."
"j'arrive" répond "STAB",
GRANA sent un liquide chaud couler le long de sa poitrine,pas de douleur mais il est touché lui aussi.
"STAB" arrive en même temps que les viets, il n'hésite pas, il récupère GRANA et les quelques légionnaires encore vivants et ils foncent vers l'arrière du P.A., s'il y a encore une chance elle est là pense t-il.
Ah comme il était beau le "STAB", un "démon" à la tête de son petit groupe, galopant entre les tranchées qu'il connaît par cœur et entre les trous d'obus.
Une pensée lui traverse l'esprit, il a de la chance, cent fois il aurait du y rester, et surtout le 18 avril sur "HUGUETTE 6" quand une balle a traversé son casque et éraflé son crâne...
La chance !
Elle l'abandonna, il s'effondre, la hanche et le ventre transpercés.
GRANA se glisse vers "STAB" qui presse ses mains sur son ventre.
"Attendez mon lieutenant, murmura t-il je vais voir".
Il écarte les mains de l'officier, lui déchire ses vêtements ; "STAB" a reçu une balle et plusieurs éclats, par miracle les viets ne les voient pas.
"Mon lieutenant, nous sommes à côté des barbelés, agrippez vous à moi nous allons essayer de passer"
"Vas y " dit "STAB", les barbelés avaient 1,5m de haut, il fallait se glisser dessous, "STAB" s'accroche à un bras du caporal qui saisit une des chevilles du lieutenant, les deux hommes avancent cm par cm, "STAB" serre les dents, GRANA s'épuise, au bout de quelques mètre il s'arrête.
"On y arrivera pas mon lieutenant, dit GRANA, je vais aller chercher de l'aide".
Le caporal parvient a passer les réseaux de barbelés puis par un hasard si particulier à cette bataille de DIEN BIEN PHU, il réussit à faire plusieurs centaines de mètres à travers les lignes viets et arrive dans les lignes du BEP dirigées par BRANDON.
"Je vais envoyer quelques gars chercher "STAB" dit BRABDON, mais ils risquent de se perdre"
"Moi je le trouverai, mon capitaine" rétorque GRANA.
Ils partent donc chercher "STA"B qui au bout de deux heures est déposé sur la table d'opération du médecin GRAUWIN.
Avant de se laisser endormir "STAB" dit seulement :
"Je veux serrer la main de GRANA"...
C'est la chute du Camp le 7 mai.
Le 8 mai, "STAB" quitte la cuvette avec les blessés légers et les moyens à destination du Nord, pourtant sont état est inquiétant, deux sénégalais portent son brancard. Ordres et contre-ordres se succèdent, on fit faire plusieurs kilomètres à "STAB" dans un sens puis dans l'autre.
En fin de compte, "Loulou Martin" et GUIRAUD stupéfaits voient arriver le malheureux "STAB" au camp léger installé par les viets à 20 km de DIEN BIEN PHU, révolté, GUIRAUD demande au chef de camp que cet officier soir renvoyé à DIEN BIEN PHU avec les grands blessées, chose qu'il obtient après de longues palabres.
"STAB" avait supporté quatre jours de brancardage avec résignation, il était miné par la dysenterie, enfin quand on le glissa sous la toile de parachute qui servait de tente un pauvre sourire illumina son visage amaigri, il venait d'apercevoir à l'autre bout un camarade du BEP, le lieutenant ROUX, blessé le 6 mai sur "ELIANE 4".
"STAB" lui raconta ce qu'il avait vu pendant sa pérégrination dans les lignes viets, il avait été impressionné par leur puissance de feu :
"j'ai vu des orgues de Staline, je les ai compté, il y en avait quinze!".
Les viets faisaient uniformément aux blessés des piqûres de sérum glucosé, "STAB" en reçu une le 13 mai dans la matinée, les viets avaient promis la libération des blessés prisonniers, aussi chaque fois que la toile de tente se soulevait pour laisser passer quelqu'un, un espoir naissait !
Le 13 vers 15h nouvelle injection de sérum, peu après, le légionnaire situé sur le brancard proche du sien dit :
"Le lieutenant est mort."
Alain de STABENRATH, le héros de "HUGUETTE 5" avait rendu son âme à Dieu, discrètement, modestement, le petit "STAB" faisait toujours les grandes choses avec modestie !
"Faites moi passer ses objets personnels dit ROUX, je les porterai à sa famille"
On lui passa sa montre-bracelet au moment où les viets entraient pour enlever le corps, ROUX regarda la montre.
Il était 15h45. ...

Alain de stabenrath

Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.
La bataille en image.

Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 20 avril 1954 dans la cuvette ?

Pendant la nuit les patrouilles ont accroché autour de nos positions.
OPERA, le PA à l’est de la piste d’aviation a été alerté à 3h45, mais après une violente riposte l’ennemi n’a pas insisté.
Un coup de main au nord-est d’Isabelle a permis de combler les tranchées.

Enfin une centaine d’hommes a été parachuté, ce sont pour la plupart des légionnaires volontaires et sans brevet parachutiste, mais le tiers d’entre eux, soit deux DAKOTA, a été largué entre CLAUDINE et ISABELLE, soit chez l’ennemi.
La 1° compagnie du 5° BPVN va s’installer dans le drain de la piste, un peu au sud d’OPERA.

Niveaux des dépôts :
Deux jours de vivres, sept unités de feu pour 10 pièces de 105, trois unités de feu pour les 155.

Photos  : en couleur du camp retranché.

Photos dbphu en couleurs

Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.
La bataille en images.

Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 19 avril 1954 dans la cuvette ?

Après une nuit de combat, Chevalier arrive sur HUGUETTE 1 et relève Spozio. Pour se replier, celui-ci perd la moitié de son effectif restant.

Les faits :
A 8hoo du soir le 4 a quitté les limites du point d’appui central et se glisse vers HUGUETTE 2.
Devant elle, fermée par la silhouette lugubre du curtiss commando, un no man’s land lugubre où le viêt attend, tapi dans l’ombre.
Une heure plus tard regroupée face au nord, la 4° compagnie est au contact. Elle se bat, sans désemparer, trois heures durant, pour essayer de passer.
Mais l’ennemi ne veut pas courir le risque de laisser se fortifier la position est les mitrailleuses lourdes donnent de la voix, relayés par les mortiers, taillant dans les rangs des légionnaires des coupes sanglantes.

A minuit le capitaine CHEVALLIER appelle à l’aide.
Malheureusement pour lui toute l’artillerie de DIEN BIEN PHU est hypothéquée par ELIANE 1 qui une fois encore vient d’être attaquée et s’efforce de tenir.
A l’aube, comme promis, les 105 et les 120 se déchaînent enfin et commencent à matraquer les positions ennemies.
En avant crie CHEVALLIER, et les légionnaires font sauter à la grenade et au lance flamme les casemates qui obstruaient le chemin.
A la lumière du jour la compagnie CHEVALIER finit par franchir les tranchées ennemies qui la sépare d’HUGUETTE 1.
A dix heures elle s’enferme sur le point d’appui dont sont sortis les survivants du ½ R.E.I.
Sur les 120 hommes que comptaient la 4° Compagnie, 40 ont été tués ou blessés.
Pour tenir le point d’appui, le capitaine CHEVALLIER ne dispose plus que de 80 hommes .
Sur HUGUETTE 1, CHEVALLIER a pris ses dispositions pour tenir aussi longtemps que possible sans espoir d’être aidé ni même secouru.
Comme ses légionnaires il est sans illusions.

La 4° compagnie ne quittera jamais le point d’appui, pendant 4 jours il est attaqué en permanence. Au jour, il disparaît dans la fumée des explosions, écrasé sous un déluge d’obus de tout calibre.
A la nuit les fantassins montent à l’attaque.
A mi distance entre HUGUETTE 1 et 2 les Viêts ont creusé une position défensive très forte.
Le 1/13 DBLE capitaine COUTANT relève ou renforce sur les HUGUETTES le R.E.I. de CLEMENCON.
A la 13 restent huit officiers valides et sept au deuxième étranger.
La première compagnie du 1/13 DBLE tient HUGHETTE 5.
Le harcèlement sur le camp retranché a été régulier tout le jour sauf entre 16 et 17 heures où il s’est acharné sur le PC de CASTRIES.
136 tonnes ont été larguées, des colis tombent chez l’ennemi.

Photos 1 : assaut viet.

Assaut viet dbphu

Début de la série, la bataille en images.

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

 

Le 20 novembre 1953 commence l'opération Castor, décidée par le général Navarre ; l'opération consiste en un important largage de parachutistes pour occuper la cuvette de Diên Biên Phu. Le 6e BCP (bataillon de parachutistes coloniaux) du commandant Bigeard et le 2e bataillon du 1er RCP (régiment de chasseurs parachutistes) du commandant Bréchignac sont parachutés et s'emparent de Diên Biên Phu. A la suite de cette opération, des renforts viennent compléter les troupes parachutées et le camp est aménagé.

A la suite de l'opération Castor et contrairement aux prévisions de l'état-major des forces françaises, le général Giap parvient à regrouper quatre divisions autour de Diên Biên Phu, dont la division lourde 351 qui possède 24 canons de 105 mm. Fin décembre, le camp est entièrement encerclé par les troupes du Viêt-minh. La bataille décisive aura lieu.

Côté français, le nombre de pièces d'artillerie du Viêt-minh a été sous-estimé. Ainsi, aucun
ordre de s'enterrer na été donné. Les abris construits sont relativement sommaires : des
sacs de sable, des tôles. Un réseau de tranchées relie les abris les uns aux autres. Aucun
ouvrage en béton n'est construit, aucun réseau souterrain ni aucune protection pour les canons
ne sont prévus. Le ravitaillement en vivres et en matériel se fait par voie aérienne. Le
matériel lourd est démonté puis parachuté en pièces détachées sur Diên Biên Phu.

Du côté Viêt-minh, le ravitaillement se fait par convois routiers. Des camions livrés par les Soviétiques
permettent d'acheminer des stocks de munitions. Des milliers de coolies 6, telle une armée de  soumis, s'activent pour effectuer le ravitaillement. L'armement, les uniformes et les munitions du Viêt-minh sont de fabrication chinoise. La logistique est un élément primordial car chaque camp se trouve loin de ses bases. Les options sont différentes : dispositif aérien contre coolies.

Début mars, 11 000 hommes sont concentrés dans le camp ; camouflés dans les montagnes dominant la cuvette, les éléments du Viêt-minh sont 51 000.

​​​​​​​Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 17 et 18 avril 1954 dans la cuvette ?

Pour évacuer HUGUETTE 6, il est convenu que les défenseurs attendront le 1° B.E.P. chargé d’ouvrir la route.
Un bataillon Viêt s’est installé en bouchon face au sud, dans les tranchées.
Les Paras-Légion prennent pied dans la première tranchée mais les bo-doï ont creusé des trous et il faut les déloger un par un.
Ils sont 250 légionnaires contre 1000 Viêts.
Au matin, le B.E.P. n’a pas franchi la deuxième ligne de tranchée et il compte une centaine de tués et de blessés.
LANGLAIS alerté à 4 heures du matin préfère donner l’ordre de repli, il pense une fois le jour levé lancer une nouvelle attaque renforcée aux ordres de BIGEARD.
BIGEARD a pris le commandement de l’opération de dégagement d’HUGUETTE 6.
Le 1° B.E.P. a serré les rang et deux compagnie du 8° de TOURRET sont venus se joindre à lui.
Mais le Lieutenant-Colonel BIGEARD, nouvellement promu, n’est pas convaincu. Pour sauver 150 hommes il faudra en sacrifier... le double !
A 6 heures 30, il lance une nouvelle attaque sur la première tranchée ennemi qui est fortement tenue.
Il n’insiste pas et à 7 heures 30 il donne l’ordre de repli.
Reste à annoncer la mauvaise nouvelle au CNE BIZARD qui attend sur HUGUETTE 6 ; Le commandant CLEMENCON qui commande les "HUGUETTE" lui explique :
"Vous êtes libre de prendre la décision que vous jugerez utile !"
BIZARD acquiesce, et il prend aussitôt la décision de tenter la sortie.

En 1954, le dimanche de Pâques tombait le 18 avril.
Miraculeusement il fait beau. Dans un abri du PC central le père Heinrich achève la lecture du cantique de Zacharie.
"Pour l’amour du cœur de notre Dieu qui vient, dans le soleil levant illuminer ceux qui gisent dans les ténèbres, à l’ombre de la mort, et guider nos pas sur le chemin de la paix".

Mais à DIEN BIEN PHU, dimanche de Pâques ou pas, la bataille continue.
Le Capitaine BIZARD se prépare à évacuer HUGUETTE 6 qui ne peut plus être ravitaillé ni recevoir de renfort.
BIZARD sait le prix qu’il va falloir payer pour évacuer la position, mais c’est la seule solution qui soit acceptable à ses yeux.
C’est une solution de désespoir, mais c’est la seule qui cadre avec sa conception du devoir.
Se rendre ? JAMAIS.
En 10 minutes, il détruit toutes les armes qu’il ne pourra emporter.
Homme par homme, ses sections rampent hors du poste et s’alignent à 30 mètres des Viêts.
Au signal, tous bondissent en avant et franchissent en courant les tranchées ennemies.
Soixante rescapés sur les 120 qui prirent le départ se jettent dans les tranchées de HUGUETTE 2.
La première compagnie du 5° B.P.V.N. se reforme à 2 sections.
Le rythme du harcèlement se maintient.

210 tonnes de matériels, de vivres et de munitions sont larguées sur le camp retranché, mais 30 tonnes tombent chez les Viêts et le ramassage qui se fait à dos d’homme ne peut guère en rassembler plus d’une vingtaine dans les dépôts.
Sur les points d’appui on se sert directement dans les caisses qui tombent à proximité.
Le capitaine CHEVALIER du 1/13 D.B.L.E. part pour relever le 2° R.E.I. sur HUGUETTE 1, il ne peut franchir les cents derniers mètres.

De Paris, le Général ELY télégraphie à DIEN BIEN PHU.
"Je ne vois matériellement pas, en tout cas, la possibilité d’augmenter par des moyens français votre potentiel de transport aérien, même simplement en ce qui concerne le personnel"...

La messe est dite, les moyens français ne suffisent plus à alimenter la bataille, ni en armement ni en personnel combattant.

Tous les regard sont désormais tournés vers les américains, mais aussi sur la conférence de Genève qui devrait bientôt s’ouvrir.

Oui, c’était le dimanche de Pâques à Dien Bien Phu, le 18 avril 1954.

Photos 1, 2, 3 & 4 : photos du camp retranché.
Photo 4 : Le Père Yvan Heinrich

Photos de dbphu

Au coin du feu de nuit...

Une chose est certaine, les erreurs m’ont fait avancer, les regrets m’ont également beaucoup appris, les douleurs m’ont rendu plus fort, je n’ai pas changé et je n'ai rien oublié, j’ai juste avancé ...

Avec de gauche à droite : Moison, Serpault, Juan et moi...

 

Souvenir 35ri au coin du feu

​​​​​​​Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 16 avril 1954 dans la cuvette ?

Au petit jour, 7 coolies sur les 35 partis hier soir de HUGUETTE 2, et portant chacun un jerrycan d’eau potable, franchissent la chicane de barbelés de HUGUETTE 6.

Encore ne portent-ils que cinq jerrycan, soit un quart de litre par homme et par jour. Avec la chaleur et le combat il en faudrait au minimum 2 litres par jour !

Entre HUGUETTE 5 et HUGUETTE 1, les Viêts ont poussé une nouvelle tranchée d’Ouest en Est, qui atteint la piste d’aviation.
A HUGUETTE 2, les légionnaires de la 1/13 DBLE compagnies VIARD et CHOUNET qui ont relevé le 2° REI, adoptent les mêmes méthodes et commencent à creuser un boyau vers HUGUETTE 1 au Nord.

Les tranchées Viet-minh et française vont se couper en croix .
Le harcèlement a définitivement abandonné son régime économique.
215 tonnes ont été larguées, mais malheureusement beaucoup chez l’ennemi, les français en récolteront à peine la moitié.
Les niveaux de réserve sont alignés à 2 jours de vivres, cinq unités de feu pour les canons de 105, six pour les canons de 120, et une unité de feu pour les deux pièces de 155 qui font maintenant du tir direct sur les ouvrages Viet-minh de ce qui fut pour les français DOMINIQUE 2.
A la tombée du jour, cinq compagnies de légion vont essayer de faire passer un convoi de ravitaillement en eau à HUGUETTE 6.
Après 10 heures de combat le convoi entre sur le point d’appui.

A une heure du matin les Viêts lancent un coup de main surprise sur ELIANE 1 à l’heure habituelle de la relève.
Ils tombent sur un os, CLEDIC et PERIOU du 2/1 RCP qui se relèvent l’un et l’autre une nuit sur deux .
Largage dans la nuit de 80 légionnaires dont 60 parachutistes qui effectuent pour l’occasion leur premier saut.
Ces volontaires d’un saut contribueront à la légende de "DIEN BIEN PHU", en effet ces volontaires savaient que les carottes étaient probablement cuites dans la cuvette, mais ils voulaient à tout pris rejoindre les copains et tirer la dernière cartouche avec eux.
Après la bataille, le colonel LANGLAIS voudra que ces volontaires d’un saut puissent recevoir le brevet para, le colonel SAUVAGNAC au nom du règlement s’y opposera, laissant courir ainsi un contentieux avec LANGLAIS commencé depuis le début de la bataille ou les deux hommes par messages interposés ne cessèrent de s’opposer.

A HANOÏ, un télégramme du Général ELY transmet la nouvelle de la promotion du Colonel de CASTRIES et de ses principaux adjoints.
A la citadelle, réunion pour mettre au point l’opération "CONDOR".
Il s’agit de l’opération étudié par le colonel de CREVECOEUR et qui consiste à pousser quatre bataillons de Laotiens des bases aéroterrestres de Muong Saï et de la Nam Bac vers Muong Khoua à quatre jours de marche de DIEN BIEN PHU.
En cas de réussite, les 3 derniers Bataillons Parachutistes en réserve à HANOÏ seraient largués en tête de colonne dans la cuvette de Sop Nao où LANGLAIS et VAUDRAY se sont tendu la main à Noël .

Au PC à DIEN BIEN PHU, tous s’accordent à dire que le ravitaillement de HUGUETTE 6 coûte beaucoup trop cher, et en effet la dernière opération de ravitaillement a autant coûté en hommes et en munitions qu’une opération de contre-attaque.
Il est impossible de renouveler un tel effort toutes les nuits...

​​​​​​​Dans la série, du devoir de mémoire...

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 15 avril 1954 dans la cuvette ?

Le 8 BPC, partant d’épervier, va tenter de reboucher la tranchée qui coupe la piste d’aviation.
La compagnie PHILIPPE de la 13° D.B.L.E attaques les ouvrages ennemis au centre du triangle HUGUETTE 1 , 5 et 2. Les Viêts ont construit là un véritable point d’appui avec blockhaus.
Les légionnaires se replient sans avoir pu les déloger.
Sorties d’ISABELLE pour combler les tranchées Viets-minh.

Le harcèlement sur le centre continue.
58 sorties-feu de l’aviation, 250 tonnes sont parachutés sur le périmètre du camp retranché.
Il y a 691 blessés à l’hôpital, le double sur les points d’appui, pour 19 médecins.
Au conseil des ministres à Paris, il est question de la promotion du colonel de CASTRIES et des propositions de nominations qu’il a demandé pour ses subordonnés.

LES VOLONTAIRES D’UN SAUT :
Il n’y a pratiquement aucun paras dans l’avion, enfin je veux dire aucun paras brevetés et ce soir les passagers vont effectuer leur premiers saut au dessus de DIEN BIEN PHU, en plein combat !
Ils ne regrettent pas cet enthousiasme qui leur a fait effectuer un pas en avant ce matin au rapport quand le sous-officier de semaine a demandé des volontaires.
Ils n’en ont pas eu le temps, ils ont été aussitôt saisis par le tourbillon des formalités administratives et signature de l’acte de volontariat, constitution du paquetage et à la nuit tombée, embarquement à bord d’un camion pour le terrain d’aviation de Bach Maï.
Regroupés dans un hangar, ils ont découvert d’autres volontaires...
Je me demande si j’aurai peur ?
PEUR ? ça oui, je peux te l’assurer, mais la vraie question n’est pas celle là !
Tu devrais plutôt te demander comment tu vas te débrouiller avec ta peur...
Dominer sa peur ! tout est là... Et ce n’est pas si simple.
Peut-être ont-ils dormi ? en tout cas les passagers du DAKOTA ont rêvé, un mauvais rêve nauséeux qui leur a laissé dans la bouche un goût de cendres, ils se sentent gauches, empêtrés dans les sacs qui leur brisent le dos, ce parachute trop ajusté, cette musette qui distant les cuisses et leurs poches gonflées de ce qu’ils apportent, comme une offrande à leurs copains de DIEN BIEN PHU, le courrier, la gnole, le tabac...
"DEBOUT , ACCROCHEZ"
"dans deux minutes hurle le largueur"
le DAKOTA exécute un virage serré puis se stabilise.
"DCA hurle quelqu’un" le DAKOTA tangue, vibre, les moteurs changent de régime….
DIEN BIEN PHU n’est plus très loin, on en aperçoit les lueurs orangées .
Plus les secondes passent plus les mailles de la DCA se font serrées, les traceuses arrivent de tout coté.
On aperçoit maintenant ISABELLE, plus que 60 secondes, puis c’est la croix lumineuse, un feu rougeâtre allumé par les amis au sol .
Et c’est le GO, ils ont l’impression de plonger vers l’enfer, maintenant le bruit des explosions parvient distinctement à leurs oreilles, en dessous d’eux DIEN BIEN PHU brûle, les obus percutent la terre dans un roulement d’apocalypse, Oui, DIEN BIEN PHU comme chaque nuit est attaqué, comme chaque nuit Paras et légionnaires qui se battent à 1 contre 10 repoussent l’échéance...

ils disaient,
Ils disaient,
La colonne Crèvecoeur,
Viendra,
Ils disaient confiants,
Des milliers d'avions,
Arriveront,
Et puis, sans espoir,
Pour rien, pour la gloire,
Ils ont tenu le coup,
Jusqu'au bout,
Pendant que Monsieur Bidault parlait,
Eux mouraient.

Photo : Anne-Marie abandonné par sa garnison thaï et perdue sans combat le 17 mars.

 

Anne marie

 

Dans la série, des hommes exceptionnels : Aujourd'hui, le Père Yvan Heinrich.

Je voudrais vous parler d’une vocation dans l’enfer de la Guerre.

Le 13 mars 1954, Dien Bien Phu s’embrase. Pilonnée toute la nuit sans relâche par les Viets, "Gabrielle" livre son premier lot de blessés. Il y en aura tant d’autres !...
Parmi les victimes, un homme s’affaire. Sans la croix d’argent qu’il porte sur sa poitrine, on le prendrait pour un officier de la Légion, avec son front court, ses cheveux taillés en brosse, son visage épais de bon vivant.

Les hommes le saluent.
Les catholiques reconnaissent en lui le père Yvan Heinrich, l’aumônier. Pour d’autres, il est le "marabout", le "baba", l’homme religieux que l’on respecte : l’armée ici possède tous les visages. Comme les soldats et surtout avec les soldats, il vivra cette bataille jusqu’au bout, non pas parce qu’il en était partisan mais parce que pour lui, l’aumônier n’a pas le droit d’être absent partout où des hommes et des femmes travaillent ou souffrent, vivent ou meurent.

"Ce n’est pas avoir les mains sales que d’être au milieu d’hommes qui sacrifient leur santé et leur vie pour remplir leur mission, pour leur Patrie", argumente le prêtre.
Yvan Heinrich s’était engagé deux ans plus tôt. Il était vicaire à Charleville dans les Ardennes quand l’épiscopat français a demandé des prêtres volontaires pour aller relever en Indochine les aumôniers des forces armées. Il avait 33 ans et il n’a pas hésité. Il a signé un contrat pour deux ans, renouvelable, il restera vingt-cinq dans l’armée.
Affecté à la CCR du 5 ème REI en juillet 1952, puis à la CCR du 3 ème REI un an plus tard, il refuse d’abandonner "ses" hommes partis pour la "cuvette" tandis qu’il se remettait d’une sévère rechute d’amibiase. Pas question pour lui d’abandonner ceux qui avaient été ses compagnons depuis plusieurs mois.

En février 1954, un Dakota l’emporte, passager unique coincé entre tout un matériel hétéroclite, plutôt mal installé au milieu des cordages qui arriment la cargaison. Dans ses déplacements, il a toujours accepté et apprécié avec le sourire les moyens de locomotion mis à sa disposition. Il a eu chaud, froid, il a "bouffé" de la poussière sur les innombrables pistes qu’il a parcourues.
Dans les postes, il a dormi sans complexe par terre, sur un lit picot ou dans une chambre confortable. Ce qui a toujours primé pour lui, c’était de pouvoir arriver à destination et vivre l’existence de ceux qu’il voulait rencontrer.
Quatre aumôniers sont déjà sur place, trois catholiques et un protestant, volontaires eux aussi. Aumônier principal catholique, Yvan Heinrich, attaché auprès du général de Castre, assure le service religieux des unités stationnées à Isabelle et à Gabrielle. Il n’est pas armé… "A chacun son métier ! Le rôle d’un aumônier n’est pas de combattre mais de soutenir les combattants. Il est d’offrir aux hommes qui le souhaitent la possibilité de pouvoir exercer leur foi" disait-il.
Présence discrète, une étole jetée sur sa tenue de combat couleur de terre, (témoignage d’amour), "Sur son visage, une pure spiritualité, l’absence, l’évasion, la marque de Dieu", écrira le médecin du camp retranché.
En une Dan

nuit, tout bascule. Sa mission, elle ne changera pas, elle vivra une autre dimension, celle d’un camp retranché avec des points d’appui plus ou moins éloignés où il doit se rendre afin d’animer spirituellement, de célébrer la messe. Les abris précaires, protègent à peine les hommes. Le nombre de blessés augmente sans cesse. Yvan Heinrich est continuellement à leur chevet. Il lui faut courir vite sous les rafales d’armes automatiques et les explosions d’obus.
La nuit, il va bénir les corps et les tombes de ceux que l’on enterre. Mais il est très rapidement demandé de ne plus se regrouper pour rendre ces derniers hommages car un obus peut faire des victimes inutiles. Chaque jour, il célèbre sa messe dans son abri, Geneviève de Galard (seule femme dans le camp) y assiste quand elle le peut. Le dimanche avec les autres aumôniers, il assure des offices un peu partout dans le camp. Dès le premier jour, ils avaient décidé de porter la sainte eucharistie sur eux afin de pouvoir confesser et donner la communion dès qu’un militaire le leur demandait. Et jusqu’aux dernières heures de la bataille, ils seront "porteurs du Christ".
La captivité les en privera, lui et les autres aumôniers. Considérés par l’adversaire comme des commissaires politiques au même titre que les officiers, ils sont mis à l’écart, séparés des soldats et embarqués dans des camions pour être jugés plus vite.

"C’était terrible pour nous de ne plus pouvoir rendre service et c’était terrible aussi d’imaginer la longue marche de tous ces prisonniers suppliciés, pieds nus dans la jungle, sur plus de 600 kilomètres", dira-t-il.
Réchappé, l’homme ne renoncera pas pour autant à l’armée. Lorsque la guerre d’Indochine s’est terminée, il est rentré en France mais les liens d’amitié qui se forment entre les hommes présents au front sont très forts et indissolubles. Lorsque le conflit algérien a éclaté et qu’il a vu partir ses camarades pour ce pays, il était hors de question pour lui de les laisser aller seuls. Il a donc signé à nouveau et fini par faire carrière dans l’armée.
Commandeur de la Légion d’honneur, il s’est retiré en retraite à Nice-Ouest où il rendit quelques services pastoraux jusqu’à sa mort à l’âge de 91 ans, le 14 mars 2012.

Reposez en Paix, Mon Père.

Pere yvan heinrich

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 14 avril 1954 dans la cuvette ?

Le commandant du camp retranché prend contact avec HANOÏ.
Ce télégramme reprend les lignes de celui du colonel LANGLAIS envoyé au colonel SAUVAGNAC.
Texte du télégramme du général de CASTRIES au général COGNY à HANOÏ.

"Sort du G.O.N.O. sera joué avant le 10 mai, quels que soient les règlements sur l’entraînement au saut en parachute.
Vous signal effectifs :
1/13° DBLE, ½ REI , 3/13 DBLE , tenant face ouest sont respectivement 354 , 380 , 80.
¼ RTM à deux compagnies tient le sud ouest.
Bataillons paras dont effectifs actuel à 2500 tiennent les autres faces et constituent les ultimes réserves d’interventions.
Evolution des travaux ( tranchées ennemi ) menace HUGUETTE 1 et HUGUETTE 6.
Tentative de dégagement de HUGUETTE 1 menée ce matin s’est heurtée à nombreuses zones minées entre HUGUETTE 1, HUGUETTE 2 et 5 et à des tirs d’artillerie.
Sera reprise à la tombée de la nuit en même temps que la réparation de la piste d’atterrissage.
A 8 heures le poste du régiment Viêt-minh N° 102 annonce des mouvements importants.
J’insiste encore pour largage chaque nuit de 05 avions de personnels. STOP et FIN
Signé de CASTRIES ".

Ce 14 avril à DBP.
Les branches de la tenaille de tranchées qui enserre HUGUTTE 6 se rapprochent.
La tranchée venant de l’est mord déjà sur la piste d’aviation .
Devant HUGUETTE 1 l’ennemi a ouvert au bungalore une brèche de 03 mètres de large dans le réseau.
Une opération partie d’ EPERVIER et de HUGUETTE 5 tente de déloger les Viêts.
Elle échoue !

Le harcèlement des canons de 105 se concentre sur les positions de batteries, la zone des PC et la zone des dépôts .
240 tonnes dont 50 de vivres sont larguées.
Le G.O.N.O. compte 45 sorties-feu à son actif .
Sur HUGUETTE 6 les lieutenants RASTOUILLE et MERIC se sont rassemblés autour de BIZARD pour partager une boîte de ration en guise de dîner.
Un obus de mortier a explosé au milieu du groupe, RASTOUILLE est tué, MERIC grièvement blessés. Les autres ont des égratignures.
Le ravitaillement des PA HUGUETTE 6 et 1 prend des proportions inquiétantes, il faut mener de véritables opérations pour les ravitailler !
Pour franchir 200 mètres il faut 4 heures.

Pour atteindre HUGUETTE 6, ce qui reste d’un bataillon de légionnaires a du se battre toute la nuit.
A SAÏGON le général PARTRIDGE est reçu par NAVARRE.
Il semble tout ignorer de l’opération VAUTOUR.

à Saïgon à Hanoï, depuis le 10 avril tout le monde pense que DIEN Bien Phu est foutu et pourtant, ce qui reste de la garnison de Dien Bien Phu va tenir, tenir au delà de l'imaginable .
Paras , Légionnaires , Tirailleurs , Artilleurs, a peine 3500, continuent à défier 4 divisions Viêt-minh dont les effectifs sont régulièrement complétés .

Photos : vue aérienne du camp retranché
 

Vue aerienne dien bien phu

Dans la série des hommes exceptionnels : le Lt Paul Brunbrouck, mort pour la France, il y a 66 ans jour pour jour à Dien-Bien-Phu à l'âge de 27 ans.

Le lieutenant Paul Brunbrouck est un des grands soldats de la bataille de Dien Bien Phu. Dans la nuit du 30 mars 1954, sa batterie d'obusiers de 105, servie par des africains est en poste sur Dominique 4. Deux régiments Viet-Minh de la division 312 du Bô Dôi (environ 4 000 hommes) monte à l'assaut de la position. À deux reprises, Brunbrouck, refuse de détruire ses canons. Soutenue par la 12e compagnie (lieutenant Filaudeau) du 3e régiment de tirailleurs algériens, et une section de mitrailleuses quadruples de 12,7, sa batterie, tirant à tir direct, fait une effroyable boucherie de ses adversaires....

Brunbrouck a aussi obligé Giap à refaire ses plans, à modifier ses attaques. Les assauts viêts du 30 mars devaient lui apporter une victoire totale. Ils ont coûté si cher que désormais, tout au long du mois d’avril, les viêts renonceront aux grandes offensives, leur substituant une guerre d’usure et de tranchées qui, finalement, aura raison des défenseurs épuisés.

Le 31 mars, en matinée, alors que les viêts pansent leurs blessures, Brunbrouck repliera sur ordre sa batterie sur une position plus centrale (Claudine). Le PC du camp retranché lui fait savoir qu’il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur. Le 13 avril 1954, il est tué au combat d'un éclat d'obus.
Il aurait dit :« Pour moi, France n'est pas un vain mot, et ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort ».

Ce grand et athlétique garçon au visage anguleux dissimulait derrière l'ironie de son regard bleu et sa causticité gouailleuse, une âme bien trempée de foi et de patriotisme au gré des épreuves de sa jeunesse. Né à Roubaix en 1926 dans une très nombreuse famille, orphelin très jeune, élevé par une soeur aînée, il a quatorze ans lorsque sa province est occupée par les Allemands. Il entre à Saint-Cyr parmi l'élite de la promotion "Général FRERE" et, à sa sortie, choisit de servir dans l'artillerie coloniale.

Arrivé en Indochine en janvier 1953, il est affecté au 11/4e RAC comme officier de liaison et observation en opérations dans le delta tonkinois et à Na San, puis comme lieutenant de tir à la 4e batterie. A ce poste, il ne tarde pas à s'attacher ses 80 Africains et sa vingtaine d'Européens pendant les opérations du deuxième semestre 1953 dans le sud du delta. Le 4 décembre, son capitaine, appelé à assurer l'intérim d'adjoint au commandant de groupe à Thaï Binh, lui transmet le commandement de la batterie alors à Phu Ly. L'intérim durera jusqu'à sa mort ; la 4 ème batterie deviendra de fait la "Batterie Brunbrouck".
Le jour de Noël le PC du groupe et de la 4e batterie sont aérotransportés à Diên Biên Phu. Le PC s'installe à l'Ouest de la Nam Youm au sud de la piste d'atterrissage, auprès des huit 105 de la Batterie autonome du Laos dont les personnels vont être remplacés par ceux des 5e et 6e batteries. La place manque pour la 4e qui, après un séjour au réduit central Claudine au sud de la piste, sera bientôt placée à l'Est de la rivière dans le P.A. "Dominique 3". Cette circonstance va déterminer son destin... et son exploit...

Cette nuit-là, Diên Biên Phu, déjà terriblement ébranlée par l'écrasement les 13 et 15 mars de deux de ses meilleurs bataillons (3/13e D.B.L.E,. et 5/7e R.T.A.), cette nuit-là, Diên Biên Phu va sombrer : les P.A. de Dominique et Eliane ont été emportés par le déferlement hurlant de milliers de Viêts. Ceux-ci se voient vainqueurs et jettent deux régiments de la division 312 vers le polit de la Nam Youm. Le coeur du dispositif est là, à quelques centaines de mètres, et, croient-ils, Il n'y a plus rien, plus personne pour les arrêter, hors une batterie de quatre (obusiers) 105 HM2 du 4ème R.A.C., bien frêle obstacle pour les vainqueurs de Dominique.

Mais cette batterie est commandée par Brunbrouck et ce combat... c'est le sien.
En un instant, les quatre tubes à l'horizontale déversent à une folle cadence leurs obus, à bout portant, dans les colonnes viêt. Tout le personnel non strictement indispensable au service des pièces, les chauffeurs, les téléphonistes etc. ... empoignent un fusil... Les Africains, les Européens font face ...
Brunbrouck est partout, rassure les uns, conforte les autres, rameute les fuyards éperdus, récupère ici une mitrailleuse, là-bas un mortier de 60 et tout le monde tire à tout va sur un assaillant d'abord médusé, puis vite conscient d'être tombé dans une nasse mortelle. D'autant plus qu'au mur de feu de Brunbrouck s'ajoute celui de son camarade de promotion de Saint-Cyr Filaudeau et de ses tirailleurs de la 12 ème compagnie du 3/3 ème R.T.A, cramponnée sur le dernier piton Dominique, un mouchoir de poche... A quelques centaines de mètres Luciani et ses légionnaires paras (du 1er B.E.P.) s'accrochent désespérément aux derniers lambeaux du P.A. Eliane.

Les compagnies viêt hésitent, refluent, se ruent de nouveau. Les Bô-dôi vont-ils gagner, passer ? NON ! Les artilleurs, pris à la gorge, ne plient pas. Brunbroucken fait des démons...
L'ordre lui est donné - deux fois répété - de faire sauter ses canons. Brunbrouck refuse vertement : - " Bande de Cons... , envoyez-moi des munitions d'infanterie et, demain, je ramènerai mes pièces !" Le Colonel Langlais, chef et même plus encore âme de la défense, que le rude langage ne trouble certes pas, en reste tout de même éberlué un bref instant et lâche un :
"Chapeau, l'artilleur !" très rare et très grand compliment dans sa bouche.

Mais les Viêts veulent leur pont et leurs sections, reformées, repartent à l'assaut en masses hurlantes, Gouaillées par l'échec précédent. Au tir dévastateur des quatre 105 de Brunbrouck, qui les cloue sur place, s'ajoute maintenant le feu serré des mitrailleuses quadruples de 12,7 qui écharpent les Viêts en longs traits de feu par-dessus la Nam Youm, dans un fracas de volcan. Les vagues de Bô-dôi se brisent, tournoient, déboussolées. C'est fini, le ressort est cassé. Brunbrouck et les siens ont gagné, le pont n'est pas franchi et, demain, Brunbrouck ramènera ses canons et ses bigors.
Fait d'armes exemplaire : rien n'a fait céder Brunbrouck, ni la disproportion des forces - deux régiments d'un côté, une maigre batterie, moins de cent hommes, de l'autre -, ni l'adéquation de principe entre les Bô-dôi, la meilleure infanterie du monde, disait-on souvent, et ses braves artilleurs africains, ni l'atmosphère d'effondrement général, ni même l'ordre de détruire ses canons. Tout cela, Brunbrouck le sait mieux que quiconque, mais il en fait son affaire, c'est son jour, son combat. Il est face aux Viêts, bien sûr, mais plus encore face à lui-même, à son devoir, à son destin.
Chacun de nous, chacun de vous, jeunes officiers, aura une fois, une seule fois sans doute, l'occasion de se mesurer à lui-même et de se surpasser... ou non. L'homme est alors seul et, si j'ose dire, tout nu, vulnérable, fragile, et, je crois, il a peur.

Mais voilà qu'il est pris d'une sorte de rage froide, que tout ce qu'il a su mettre en lui de détermination, de maîtrise de soi, jaillit en un torrent inextinguible : son choix est fait, c'est le choix du sommet, du courage conquis. Tout aussitôt, autour de lui, chacun se surpasse, se veut, d'instinct, à la mesure de l'homme d'exception qui vient de naître là, sous ses yeux.
Cela, c'est toute l'histoire de la batterie Brunbrouck et du pont de Garigliano - pardon, du pont de la Nam Youm : un homme, à lui seul, a fait basculer le destin être poussé la défaite provisoirement hélas ! Mais c'est une autre histoire.
Cet homme là, c'est l'un de vous, à peine plus âgé - 27 ans -, mais si semblable à ce que vous rêvez d'être, à ce que vous pouvez être. Oui , l'un de vous éclatant de dons, certes, une joyeuse force de la nature, une intelligence claire, un jugement sûr, le sens de l'amitié partagée, une très profonde et très discrète foi chrétienne éclairant la vie, la conscience d'avoir tout cela, et la modestie en plus.
Lequel de vous ne rêverait d'être ce Bayard ? Et vous savez bien qu'un grand destin est un rêve vécu...

Le clair destin de Brunbrouck, lui, va hélas, s'achever aussitôt, comme les super novae qui illuminent le ciel, éclatent et meurent. Un seul éclat, certes, mais quelle lumière ! Et quelle mort...
Le mardi 13 avril, Mardi Saint, un coup direct de 105 écrase son abri de combat et le blesse grièvement. Il sent qu'il va mourir, se confesse, communie, puis rassemble ses dernières forces et exhorte ses hommes à combattre de toute leur énergie, de tout leur courage, avec une véhémence, une âpreté qui frappe chacun. Ensuite, ensuite seulement, il est conduit à l'antenne chirurgicale, juste à temps pour qu'il sache que mes mains amies lui fermeront les yeux, après le grand Adieu que nous avons eu le temps d'échanger, sous les yeux de mes infirmiers, vrillés d'émotion.
Voilà comment a combattu, comment est mort mon ami Paul Brunbrouck...

Docteur J. GINDREY,
chirurgien à Diên Biên Phu

Peut être une image de 1 personne  Peut être une image de 1 personne Aucune description de photo disponible.

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 13 avril 1954 dans la cuvette ?

Cette nuit, 71 hommes dont une antenne chirurgicale et 66 tonnes de matériel ont pu être largués sur ELIANE 1.
Le lieutenant BOULINGUEZ commandant la 6° compagnie du 2° B.E.P a relevé LECOUR GRANDMAISON sous des rafales d’obus .
Deux compagnies, une du 2° B.E.P. et une du 2/1 R.C.P. gardent la petite colline bouleversée.
Au petit matin, profitant des traînées de brumes, le capitaine BIZARD fait reboucher la tranchée Viêt-minh devant HUGUETTE 6 et la mine !
A la tombée de la nuit le harcèlement s’intensifie, la corvée de ravitaillement pour HUGUETTE 6 subit des pertes importantes.
La piste d’aviation est coupée en son tiers par une tranchée Viêt-minh creusée à l’explosif .
Toutes les sonnettes d’ISABELLE trouvent le contact …

Les blessés :
"Nous savions que la bataille des 3 HUGUETTES serait perdu, mais au prix de telles pertes chez l’ennemi qu’il ne pourrait pas la baptiser victoire.
De notre coté, cette résistance acharnée, ces contre-attaques si souvent victorieuses restent les pages glorieuses, mais trop peu connues d’une histoire écrite par les sept bataillons de Légion et de Parachutistes engagés dans ces combats.
Et les rangs de ces bataillons se creusaient chaque jour davantage, les blessés s’accumulaient dans l’hôpital souterrain du commandant GRAUWIN, les catacombes.
Il arrive au combat que les hommes à bout de résistance souhaitent la bonne blessure qui les envoie momentanément dans un hôpital de l’arrière.
Mais à DIEN BIEN PHU bonne ou mauvaise blessure conduisait à l’horreur des catacombes et si les blessés pouvaient compter sur l’admirable dévouement des chirurgiens et de l’unique infirmière, il n’y avait pour eux depuis la fin mars aucun espoir d’évacuation.
Je revois le long boyau fangeux, éclairé par quelques bougies ou s’ouvrait le trou sombre des abris et les niches creusées à même la paroi, parfois sur plusieurs étages où étaient enfournés les blessés .
Là aussi le moral était bon, je me souviens un jour avoir découvert tout au fond d’une galerie où régnait une obscurité complète, à la lueur de ma torche électrique, un commandant de compagnie, le capitaine MINAUD du 2/1 R.C.P.
Blessé une première fois sur HUGUETTE 7, une seconde fois sur ELIANE 1, il avait conservé son commandement et je le croyais encore valide, lorsque je le vis sur un grabat, son pied était broyé, il me dit simplement : "je viens d’être touché pour la troisième fois, cette fois je suis HS".
Cette affaire de blessés qui s’entassaient dans les abris dans des conditions épouvantables avait en son temps provoqué une grosse émotion en France et dans le monde.
On évoquait la barbarie Viêt …
GIAP faisait la guerre, et quand on fait la guerre on ne fait pas de sentiments.
Il savait que ces blessés étaient le plus lourd handicap du camp retranché.
Si l’on m’avait donné le choix entre l’arrivée d’un bataillon de renfort ou les évacuations des blessés, j’aurais choisi sans hésiter les évacuations .
Il ne pouvait donc pas y avoir de compromis" .

Notes de Pierre LANGLAIS.
Sorti de Saint-Cyr en 1930, le colonel LANGLAIS est un ancien méhariste.
il sera lui aussi de tous les combats lors de la campagne de France, d'Italie et d'Allemagne lors de la deuxième guerre mondiale .
il part pour l'Indochine en 1946 comme commandant après la deuxième guerre mondiale.
En 1953, son troisième séjour s'achève à Diên Biên Phu et la captivité. L'une des figures les plus fortes de la Bataille, le colonel Langlais fit preuve d'un courage et d'une détermination admirables.
le 15 mars, soit 3 jours après le début de la bataille, il prend le commandement du centre de résistance principal et celui de toutes les unités parachutistes largués de jours comme de nuit sur le camp retranché .
Ce commandement il l'assumera jusqu'au bout avec l'espoir tenace de gagner.


Photo 1 : le Colonel Langlais.

Photo 2: Le Capitaine Alain BIZARD.

Photos 3 & 4 : plans du camp retranché.

Peut être une image de 1 personne         Peut être une image de 1 personne      Aucune description de photo disponible.     

Peut être une image de texte qui dit ’:- -Ban Keo Anne-Marie Δ Ban Him Lar Gabrielle Youm am Béatrice wikh wn Huguette Dominique Francoise Ban Cang Eliane Fictif laudine 40 03 Chayve LE CAMP DE DIEN BIEN PHU Ban Pape Isabelle km km’

                             

Dans la série, du devoir de mémoire, souvenons-nous : aujourd'hui, il y a 67 ans la bataille de Diên Biên Phu du 13 mars au 7 mai au jour le jour.

Que se passe t-il le 12 avril 1954 dans la cuvette ?

A 7h00 du matin les survivants des bataillons Viêts qui se sont battus toute la nuit au prix de lourdes pertes et qui n’ont pu reprendre ELIANE 1 se retirent.
Ils étaient pourtant 8 fois plus nombreux que les français.
Giap a destitué le colonel qui n'a pu reprendre Eliane 1.

A 18 heures, deux bataillons "frais" se lancent à l'attaque, Ils sont repoussés.
Fin du largage du 2° B.E.P. ainsi que 135 tonnes de matériel.

Les paras du 2/1 RCP rescapés qui ont résisté sur Eliane 1 sont fondus en une seule compagnie aux ordres du sous-lieutenant LEGUERRE / LEGUENNE.
La 1° compagnie du 2/1 R.C.P. du lieutenant PERIOU monte sur ELIANE 1.

Les relations entre le colonel LANGLAIS à DBP et le colonel SAUVAGNAC à HANOÏ s’enveniment un peu plus par messages interposés .
LANGLAIS reproche à SAUVAGNAC sa méconnaissance de la situation et son extrême application du règlement :

... (Je le cite) réservé colonel SAUVAGNAC .STOP.
prends connaissance de votre message en rentrant d’ELIANE 1, prise hier et contre-attaquée toute la nuit .STOP.
Il me prouve que vous n’avez encore pas compris la situation .STOP.
je répète qu’il n’y a plus ici ni G.O.N.O. ni G.A.P. .STOP.
mais seulement 3000 combattants dont les piliers sont les paras .STOP.
qui au prix d’un héroïsme et de sacrifices inouïs tiennent tête aux 4 divisions de GIAP .STOP.
Le sort de l’Indochine se joue à DIEN BIEN PHU .STOP.
devriez comprendre que la bataille ne peut être alimentée que par renforts parachutés .STOP.
brevetés ou non .STOP...

Le temps est maussade et la plaine, assommée par les tirs de harcèlement, semble émerger d’un mauvais sommeil.
Il flotte en permanence une sorte de brouillard jaunâtre fait d’humidité , de poussière et de cordite, plein de cette odeur grasse et fade de poudre et de cadavres en décomposition.
Depuis début avril les morts ne sont plus enterrés.

DIEN BIEN PHU s’éveille tard. Dès l’aube, au moment où les Viêts retournent dans leurs abris, les fantassins, paras, légionnaires, tirailleurs s’effondrent aussitôt dans leurs trous où ils sombrent dans un sommeil de bête.
Tout à l’heure, à 17h00 tout recommencera, ou plus exactement la guerre retrouvera son rythme destructeur.
Une fois la nuit tombée, le DAKOTA luciole interviendra au profit d’un point d’appui attaqué...
Les Viêts veulent en finir et tous les soirs ils remontent à l’assaut d’ELIANE 1.
Tous les matins ils en redescendent un peu plus meurtris. ils ne passent pas et la division 316 s’use les dents sur les paras et les légionnaires qui s’accrochent à ce piton dévasté. Ils ne sont même pas une centaine mais ils ne lâchent rien !
A l’autre bout de la vallée la division 308 s’émousse sur HUGUETTE 6. Sur ce point d’appui, depuis maintenant 2 semaines les paras du BAWOUAN et les légionnaires, à peine 180 combattants avec à leur tête le Capitaine BIZARD soutenu par RASTOUIL et FRANCOIS.
Ils sont maintenant complètement isolés du reste de DIEN BIEN PHU, ils sont assiégés coupés de tout...
L’agonie d’HUGUETTE 6 se prolonge ! mais BIZARD ne se rendra pas...


Photos de 1 à 6 : plans du camp retranché.

 

Gif dien bien phu 12 avril

UN LIEUTENANT DE BIGEARD...

Récit du général Cann concernant le général Bigeard

 

 

Les lieutenants de « Bruno »

« Bruno » était l’indicatif radio du commandant puis du colonel Bigeard en Indochine et en Algérie. Entre nous, nous l’avons toujours appelé « Bruno », par affection. J’eus la chance de le servir en Algérie, comme lieutenant, chef de section, au 3ième régiment de parachutiste coloniaux.

A une époque où, dans l’Institution militaire, la communication en était à ses balbutiements, il appliquait la maxime « Bien faire et le faire savoir » avec une habileté magistrale.

Il communiquait vers le haut : aux hommes politiques qui venaient le voir, il expliquait la finalité de notre action.

Il recevait les gens de la presse : aux écrivains (Lartéguy, Kessel …), aux photographes (Flament), aux cinéastes (Schoendorfer), il exposait les modalités et les difficultés de nos opérations.

Et il communiquait vers le bas : à l’issue de chaque opération les cadres recevaient une feuille simple sur laquelle il avait jeté, en style télégraphique, ses satisfactions et ses déceptions mais aussi ce qu’il attendait de nous lors des opérations à venir avec toujours, en finale, le recours à la fierté et un zeste d’humour (« demain matin, nous avons tous vingt ans » !). Il exerçait cet art subtil de nous rendre complices de ses projets.

Il adorait s’adresser directement à ses paras. A l’issue d’une cérémonie, il leur demandait de quitter les rangs et de se resserrer autour de lui. En quelques mots simples, il se livrait au bilan des actions récentes puis il précisait ce qu’il attendait d’eux, avec toujours ce clin d’œil d’encouragement flatteur. Nos paras étaient fascinés. Spontanément, sans qu’aucun ordre ne leur fut donné, ils se mettaient à crier, à l’unisson : « Vive Bigeard ! ». Une scène insolite qui nous renvoyait à celles de l’Empire. Il rayonnait. Nous partagions son bonheur et nous étions fiers de notre jeune colonel de 40 ans, déjà Grand Officier de la Légion d’honneur. Nous voulions lui ressembler.

Mais avant de « faire savoir » , le premier ordre de l’axiome, « Bien faire », nous valait une course permanente à l’excellence aussi bien pour la tenue, la cohésion (les défilés en chantant), l’instruction du tir adaptée à la contre-guérilla et … par-dessus tout … la condition physique. Ah ! cette condition physique !.

Marcel Bigeard devait ses succès et sa survie dans la Résistance et en Indochine à l’endurance qu’il avait imposée à ses unités. Son prestigieux bataillon d’Indochine, le 6ième B.P.C. que les divisions vietminh voulaient absolument capturer, dut plusieurs fois son salut à une esquive ultra rapide qui valut au bataillon le surnom de « Bataillon Zatopek ».

Fort de cette expérience, il exigea du 3ième régiment de parachutistes coloniaux en Algérie des performances hors normes. Lorsque la journée avait été infructueuse, nous attendions la fin de l’après-midi pour l’énoncé à la radio des prévisions pour le lendemain (un peu comme le marin pécheur, en mer, attend le soir les prévisions météo du lendemain).

Après avoir regretté que la zone fut stérile, il annonçait qu’il allait « balancer » (son terme favori) le régiment vers des lieux prometteurs. C’est alors qu’avec appréhension nous attendions la répartition du rôle des unités sur la future zone. Les plus malchanceux réalisaient alors, avec consternation, que, pour être en place au lever du jour, ils étaient déjà en retard.

Pendant la Bataille d’Alger les compagnies se livraient à tour de rôle à une marche commando (mi-course, mi-marche) : départ d’Alger à trois heures du matin, direction Sidi Ferruch (25 kilomètres) avec arme et musette légère.

En tactique sur le terrain, il nous sidérait.

Il passait des heures à étudier la carte. En la visualisant, il déterminait, sans jamais se tromper, les possibilités d’esquive de l’adversaire et, par corrélation, il dessinait sa propre manœuvre. Dès qu’il avait localisé l’ennemi, il ne le manquait jamais. Un fauve.

Lors d’une grosse opération faisant appel à de nombreux appuis, j’eus l’opportunité, n’étant pas trop loin de lui, de l’observer à la manœuvre des unités d’appui …Il avait autour de lui quatre opérateurs radio qui lui tendaient le « bigo » à tour de rôle pour les liaisons avec ses compagnies, avec l’artillerie, avec l’avion d’observation et les chasseurs et avec les hélicoptères. Il prenait manifestement du plaisir à commander les différents acteurs, lesquels appréciaient d’être manœuvrés par lui. « Au moins », disaient-ils « avec lui , on a la satisfaction d’être bien utilisés et la fierté d’être efficaces ».

Avec son ami Félix Brunet, colonel de l’armée de l’air, il réalisa les premières véritables opérations héliportées, celles où les hélicoptères cessent de faire du simple transport (afin d’épargner les mises en place à pied) pour devenir les instruments de la manœuvre.

En Algérie, l’Opération « Agounnenda » restera à jamais le symbole de son inspiration … de son instinct guerrier.

A la fin du mois de mai 1957, un détachement de dragons qui rentre de patrouille en fin d’après-midi tombe dans une embuscade sur les hauts plateaux algériens. Il y disparaît corps et biens. Nous ayant devancés sur les lieux de l’embuscade par hélicoptère, Bruno s’y livre à cette analyse invraisemblable qu’aucune Ecole de Guerre n’enseignera jamais. Il ne dispose que de deux indices : l’identification du commando zonal « Ali Khodja » (200 hommes et 3 mitrailleuses MG 42) et les traces de sa fuite qui indiquent un repli vers le nord (en direction de la mer). Après avoir étudié la carte, il expose sa conception de manœuvre : « l’adversaire a emprunté cet oued en direction du Nord. Il basculera dans cet autre oued parallèle qu’il remontera pour revenir vers le Sud, sur les « lieux du crime ». L’entourage, incrédule, s’incline.

Bruno tisse alors avec ses six compagnies un maillage de six kilomètres sur quatre. Chaque compagnie dresse une douzaine d’embuscades. Aucun itinéraire n’échappe à la surveillance. Il conserve une compagnie en réserve héliportée pour fermer la nasse. Lorsque le jour se lève tout le monde est en place, sur une seule fréquence radio mais en silence absolu pendant l’attente. Mission : laisser l’ennemi entrer dans la nasse et ouvrir le feu au dernier moment. Vers cinq heures, un chef de section annonce l’arrivée du « gibier » ; il égrène le nombre de fells qu’il aperçoit. Le feu s’ouvre lorsqu’il annonce 70. Bruno héliporte sa compagnie de réserve. Le commando zonal est pris dans la nasse. Il est détruit après vingt quatre heures, non sans mal. Nous aurons une douzaine de tués et un vingtaine de blessés. L‘ennemi était revenu sur les « lieux du crime » ! Incroyable !

Le colonel Bigeard exigeait de ses unités leur plein effectif afin que toutes les armes fussent servies : il détestait les permissionnaires et les stagiaires, il abhorrait les malades. Son souci prioritaire, quelles que fussent les circonstances, était d’épargner la vie de ses hommes et leur intégrité physique.

A Chypre où nous étions rassemblés en automne 1956 pour l’opération Suez , j’avais eu l’honneur de porter le brassard de capitaine de l’équipe de football du corps expéditionnaire. Nous fûmes battus dans le grand stade de Nicosie par l’équipe nationale de Chypre par le score honorable de 2 à 1. C’était une performance que nous devions à une condition physique exceptionnelle. De retour au camp X où nous logions sous la tente, un officier me dit : « le colonel veut te voir ». Je rectifiai ma tenue et m’apprêtai à être félicité. L’accueil fut glacial : « Dîtes donc, Père Cann (terme familier), vous croyez que je vous ai fait venir ici pour taper dans le ballon ? Non mais ça ne va pas la tête ? Qui s’occupe de vos hommes pendant ce temps-là ? Arrêtez-moi ces gamineries. ! ». Je n’ai plus jamais tapé dans un ballon.

Six mois plus tard, je figure parmi les blessés de l’Opération Agounnenda. Nous venions d’être traînés jusqu’à une clairière où nous attendions que le feu se calme pour que les hélicoptères puissent nous évacuer. Nous sommes là une douzaine, allongés sous les ombrages, non loin des corps de nos camarades tombés, lorsque surgit « Bruno », la casquette en bataille, sa grande carte sous le bras. Surpris par ce spectacle de corps allongés, il ralentit le pas et adresse à chacun un clin d’œil ou un sourire. Soudain il me reconnaît : « Ah ! vous êtes là aussi père Cann ? » Je lui réponds par un geste d’impuissance. « Eh bien vous avez perdu mon vieux ! Salut ! Bon courage ! A bientôt ».

En vrai pro, il réagissait comme un entraîneur de rugby qui a la hantise de voir ses joueurs partir pour l’infirmerie.

Aujourd’hui les lieutenants de « Bruno » sont orphelins et la France pleure le plus illustre de ses soldats : cinq fois blessé, vingt-quatre fois cité dont douze fois à l’Ordre de l’Armée, Grand’Croix de la Légion d’honneur depuis 1974.

Sa compétence lui valut en 1976 d’être nommé Secrétaire d’Etat à la Défense d’où il démissionnera avant d’exercer de 1978 à 1981 la Présidence de la Commission de la Défense nationale de l’Assemblée nationale.

En d’autres temps, il eut été un Maréchal d’Empire …. immanquablement.

François Cann

« Un lieutenant de Bruno »

 

 

A Papa,

en souvenir de son séjour en Indochine.

Mai 1951 - Mai 1953

 

Sejour papa en indo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 03/05/2021